Cameroun: panique chez les clients de la banque panafricaine Ecobank

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Le 08/08/2017 à 14h54, mis à jour le 08/08/2017 à 16h14

La banque panafricaine s’illustre depuis quelques semaines par des fermetures d’agences et des licenciements au Cameroun. Du coup, les épargnants vident leur compte tandis que la direction générale tente de rassurer l’opinion.

Gwendoline Abunaw, directrice général d’Ecobank Cameroun était face à la presse ce lundi 7 août 2017. Il faut dire d’emblée qu’elle n’avait pas le choix. Car durant les trois derniers jours, la banque a enregistré un pic de retrait d’argent sans précédent. Vendredi 4 août notamment, une folle rumeur a parcouru le pays via les réseaux sociaux, annonçant la fermeture imminente d’Ecobank Cameroun.

Dans ce pays, il n’est pas rare que des établissements de micro-finance ferment du jour au lendemain, laissant les épargnants dans le désarroi. C’est donc fort de ces tristes souvenirs que les clients Ecobank ont pris d’assaut les distributeurs automatiques de billets, dans le souci de sauver ce qui pouvait l’être.

Il faut avouer que la rumeur, relayée par les réseaux sociaux, était quelque peu justifiée. A Yaoundé par exemple, plusieurs agences ont été fermées et certains employés licenciés. Dans la partie septentrionale du pays, soit trois régions (Adamaoua, nord et extrême-nord) représentant la moitié du pays, il ne reste plus qu’une seule agence Ecobank à Garoua dans le Nord. Pareil à Douala, capitale économique du Cameroun. De quoi se poser des questions. Sauf que jusqu’à ce lundi 7 août, il n’y avait personne pour y répondre…

Restée de marbre face à tous types d’allégations depuis des semaines, Gwendoline Abunaw est donc sortie de son mutisme. A la faveur d’un point de presse organisé au siège de la banque à Bonanjo, la DG explique : A propos de la fermeture des agences, l’on apprend que «Ecobank a pris la décision de s’embarquer dans la mouvance internationale qui consiste à délaisser la banque traditionnelle qui a fait son temps, pour aller vers le numérique en vigueur dans les marchés internationaux».

Et de préciser qu’"avec seulement 250.000 clients, Ecobank veut gagner des parts de marché dans la population financière du Cameroun estimée à deux millions". Gwendoline Abunaw explique par ailleurs que "le virage stratégique d’Ecobank ne s’est pas décidé du jour au lendemain. Le processus est en vue depuis 2010 à travers des cartes prépayées ou la banque par Internet pour les particuliers…".

Sur la question des licenciements, la DG d’Ecobank explique que c’était une décision difficile à prendre, l’enjeu de la préservation du capital humain étant au cœur des préoccupations. Mais hélas, la digitalisation suppose souvent la suppression de certains postes d’emplois.

Enfin, Gwendoline Abunaw dément formellement le départ d’Ecobank du Cameroun. «Nous sommes actuellement la 4e plus grande banque du pays, avec des bénéfices avant impôt à la fin de l’année 2016 de 13,8 milliards de FCFA et un rendement des capitaux propres de 50%. Elle explique que «l’objectif des changements actuels est de rapprocher nos services bancaires de la population en fournissant des plateformes qui captureront les non bancarisées. Jamais il n’est question de fermer et encore moins de partir».

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 08/08/2017 à 14h54, mis à jour le 08/08/2017 à 16h14