Cameroun: l’industrie textile locale plombée par les importations chinoises

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Le 16/12/2017 à 07h48, mis à jour le 16/12/2017 à 10h06

La part de marché des producteurs locaux de textile s'établit à 5%, contre 82% pour la Chine et 13% pour l’Afrique de l’Ouest. Face à cette situation, l’Etat camerounais tente de relancer l'industrie de transformation du coton.

L’industrie camerounaise de transformation textile peine à émerger. La Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM), qui détient le monopole de la production dans le pays, n’a que 5% des parts du marché local, qui est inondé de tissus en provenance de la Chine (82%) et de l’Afrique de l’Ouest (13%). Pourtant, le coton produit localement, par la Société de développement du coton du Cameroun (Sodecoton) notamment, est réputé de bonne qualité (350.000 tonnes par an).

Le besoin en matière première ne se pose donc pas. Mais la faible productivité du coton et du textile local est en grande partie due à la vétusté du parc des équipements. Difficile dans ces conditions de concurrencer les tissus de qualité en provenance de l’Afrique de l’Ouest ou le bas de gamme très bon marché venu d’Asie.

Depuis peu, l’Etat camerounais tente de reprendre les choses en main. «L’Etat ne veut pas perdre son industrie qui est quand même l’un des fleurons du développement du pays. Il a voulu innover, parce que le matériel de la CICAM date maintenant de plus de 52 ans. Il fallait un nouveau matériel en vue de s’adapter au marché. L’Etat a donc investi plus de 5 milliards de francs CFA pour l’acquisition d’équipements modernes. Ce matériel est déjà sur place et installé à Garoua et à Douala. Nous sommes en train de produire de nouvelles gammes de pagnes», indique Nicolas Njoh, directeur commercial de la CICAM.

Jusqu’ici, ce sont des évènements comme les mariages, les deuils et la célébration de certaines Journées internationales (de la femme, de la jeune fille, des enseignants, etc.) qui ont assuré la survie de l’entreprise. Car, dans la culture locale, la célébration de tout évènement se fait à travers les pagnes.

Pourtant, le pagne est en train d’avoir une seconde vie. Les stylistes locaux lui donnent plus de valeur et il est revenu dans les mœurs. «Le véritable problème est que la filière reste au niveau artisanal. Pour passer à la phase industrielle, il faut toute une organisation. L’Etat doit accompagner les acteurs. Il faut également que les professionnels de la filière se perfectionnent, afin de produire un tissu que les Camerounais vont apprécier et acheter», affirme le styliste camerounais Blaz Design.

De même, depuis quelques années l’Interprofession coton, textile, confection (ICOTEC) tente d’organiser les divers acteurs de la filière, des producteurs avec tous ceux qui œuvrent dans la seconde transformation.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 16/12/2017 à 07h48, mis à jour le 16/12/2017 à 10h06