Cameroun: face à des importations massives, le riz local à la peine

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Le 09/08/2019 à 10h04, mis à jour le 09/08/2019 à 10h04

La production de 105.000 tonnes par an est très loin de satisfaire la demande nationale annuelle au Cameroun, évaluée à 407.000 tonnes par an. Et les marques locales souffrent d'un déficit de marketing et de distribution face aux marques étrangères, en provenance de pays asiatiques.

Actuellement, la production locale du riz camerounais est évaluée à quelque 105.000 tonnes par an, contre une demande nationale d'environ 407.000 tonnes.

Aussi, près des trois-quart de la consommation nationale de riz est-elle comblée par des importations massives, en provenance notamment des pays du continent asiatique.

Cependant, même s'il constitue un quart du marché, le riz local peine à exister au Cameroun, les consommateurs lui préférant le riz importé, par snobisme ou simplement par ignorance.

Selon les vendeurs, ce n'est pas la qualité qui est le principal problème du produit. Des photos de centaines de sacs de riz camerounais stockés dans des entrepôts, récemment partagées sur les réseaux sociaux, ont suscité l'émoi et braqué les projecteurs sur cette filière.

D'après des experts, la production locale souffre principalement d'un défaut de stratégies en termes de marketing et de réseaux de distribution.

En effet, le riz local est presque invisible dans les grandes surfaces du pays.

«La disponibilité du riz de la SEMRY dans les marchés du Cameroun est en train de se faire progressivement», concède Fissou Kouma, le directeur général de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (SEMRY), le principal producteur.

Avec des superficies de 11.500 hectares, la SEMRY produit environ 80.000 tonnes par an et envisage de porter ce chiffre à 150.000 tonnes.

Selon ce responsable, la denrée est disponible dans les grandes villes de la partie septentrionale du pays, et la distribution évolue progressivement vers la partie méridionale, notamment vers les grandes métropoles que sont Douala et Yaoundé.

Pour l'heure, faute de disponibilité permanente, les consommateurs peuvent s'en procurer lors des ventes spéciales organisées par le ministère du Commerce ou lors de foires agroalimentaires.

Une autre partie de la production vient de la région du Nord-Ouest. Toutefois, la crise anglophone qui y sévit plombe également l'acheminement du riz.

Pourtant, les autorités locales affichent la volonté de booster la production locale. Dans le cadre du Plan d’urgence triennal pour la croissance lancé en 2017, la SEMRY bénéficie d’un appui de plus de 3 milliards de francs CFA, pour lui permettre de moderniser son outil de production.

De même, en début d'année, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute a, au cours d'un conseil avec les membres de son cabinet, instruit le gouvernement à prendre des actions opérationnelles visant à accroître la production locale du riz afin de limiter les importations de ce produit de forte consommation.

Certains scandales ayant émaillé le riz importé (mauvais conditionnement, qualité douteuse), ont en effet poussé certaines associations de consommateurs à brandir la préférence nationale, afin de privilégier la production locale.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 09/08/2019 à 10h04, mis à jour le 09/08/2019 à 10h04