Cameroun: voici pourquoi les travaux de l'autoroute Yaoundé-Douala traînent

L'autoroute Yaoundé-Douala (Cameroun).

L'autoroute Yaoundé-Douala (Cameroun).. DR

Le 23/06/2020 à 08h06, mis à jour le 23/06/2020 à 08h25

Entre modifications du profil du projet, surcoûts et blocages des riverains, le chantier lancé en 2014 pour une durée de quatre ans est loin d’être achevé. Le ministre des Travaux publics a apporté des éclaircissements sur le sujet, devant les parlementaires du Sénat.

Pourquoi les travaux de la construction de l’autoroute Yaoundé-Douala traînent-ils en longueur de manière «incompréhensible»? Entamé depuis 2014 pour une durée prévisionnelle de 48 mois, le chantier de l’axe routier n’est pas encore achevé. Seuls environ 75 km (sur 210 km au total) ont été réalisés à ce jour.

Le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, s’est expliqué en fin de semaine dernière sur ce sujet devant les sénateurs, lors de l’exercice des questions orales. Parmi les raisons avancées par le ministre devant la chambre haute du Parlement, il y a d’abord la modification du profil du projet.

Le tronçon initial, conclu avec la China First Higway Engineering, portait sur une route expresse en 2x2 voies avec une vitesse de référence de 90 km/h. Mais afin de «moderniser» cette voie reliant les capitales politique et économique du pays, les concepteurs sont passés à une autoroute en 2x2 voies extensible à 2x3 voies, avec une vitesse de référence de 110 km/h.

Cette nouvelle donne a naturellement entraîné une hausse des coûts de construction du fait des travaux supplémentaires de près de 71 milliards de francs CFA pour la première phase du projet. Soit quelque 355 milliards de francs CFA, au lieu des 284 milliards de francs CFA à l’origine.

D’autre part, les libérations des emprises ont considérablement retardé les travaux. En effet, les populations riveraines ont régulièrement bloqué le chantier pour réclamer, entre autres, leurs indemnisations du fait de certaines expropriations. La première phase des travaux (Yaoundé- Bibodi, 75 km) devrait s’achever fin 2020.

Concernant la seconde phase, Bibodi-Douala (135 km), l’Etat a lancé un avis d’appel d’offres public international à manifestation d’intérêt pour la sélection des entreprises devant accompagner le gouvernement pour le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de ce tronçon.

Ces offres sont attendues le 30 juin 2020. En attendant, les usagers qui veulent rallier par route les deux villes sont contraints d’utiliser la Nationale n°3, surnommée «l’axe lourd Yaoundé- Douala», très accidentogène.

Long de 240 km entre les deux villes, le tronçon, malgré les travaux de rénovation qui y sont régulièrement exécutés, est vétuste et dépassé par l’intensité du trafic aujourd’hui; le moindre incident causant des embouteillages monstres.

Cette route a été classée en 2014 par l’ONU comme l’une des voies les plus dangereuses au monde.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 23/06/2020 à 08h06, mis à jour le 23/06/2020 à 08h25