«Tous pour les produits locaux et le Made in Cameroon». Tel semble être le leitmotiv des autorités camerounaises ces derniers jours. Illustration notamment avec l’initiative du Réseau parlementaire «Espérance Jeunesse» (REJE) qui a organisé, le 23 juin 2020 à Yaoundé, une journée du patriotisme économique «Made in Cameroon» en marge de la session parlementaire qui se tient actuellement, sous le thème: «Consommer camerounais pour promouvoir l’entrepreneuriat et valoriser l’emploi-jeunes».
«Nous sommes tous un peu coupables d’avoir négligé l’importance du patriotisme économique. Aujourd’hui, le coronavirus nous offre une opportunité pour revenir sur les fondements de l’économie qu’est la balance commerciale et pour nous imposer de consommer ce que nous produisons. Il implique aussi à donner une place de choix à toute la valeur ajoutée camerounaise dans la commande publique et aussi dans nos comportements», déclare le député du Social Democratic Front (SDF, opposition), Joshua Osih, par ailleurs coordonnateur de ce réseau.
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D’autre part, le jeudi 25 juin dernier, le conseil de cabinet présidé par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a également abordé la thématique des produits locaux et de la balance commerciale du pays.
Si pour tous, les difficultés d’exportations et d’importations dus à l’actuelle crise sanitaire (le volume global des échanges commerciaux a reculé de 16% au cours du premier semestre 2020) sont une occasion de promouvoir les produits locaux et de rééquilibrer la balance commerciale du pays, c’est que le «Made in Cameroon» n’a pas véritablement eu la cote auprès des consommateurs jusqu’ici.
Dispositif industriel
«Le riz fabriqué par la Semry (Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua, Ndlr) est réputé d’une très bonne qualité. Cependant, il s’entasse dans les entrepôts, car les consommateurs préfèrent le riz importé d’Asie, souvent bourré de produits chimiques. Il faut cependant regretter le fait que nos produits agroalimentaires sont peu présents sur les étals, même quand on voudrait les acheter», se lamente Christelle Kona, ménagère. Le tableau décrit est presque le même pour les produits de l’agroalimentaire. A prix sensiblement égaux, la tendance est généralement d’acheter ceux qui sont importés.
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Selon nombre d’experts, les principales limites des produits locaux sont leur insuffisance dans les marchés, leur mauvais conditionnement, le mauvais rapport qualité/prix, la mauvaise foi de certains producteurs, un déficit de communication, de production et de distribution, etc.
Dans des grandes surfaces, certains produits locaux sont relégués au rang de produits exotiques. Une barre que le ministère du Commerce tente de redresser à coups de journées thématiques chaque année sur des produits spécifiques du terroir comme le café, le cacao ou encore le riz.
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«Depuis l’arrivée de la pandémie du coronavirus, on assiste à une détérioration des échanges de façon générale à travers le monde. Au lieu de prendre cela sous un angle négatif, c’est une opportunité que nous devons pouvoir saisir comme d’autres pays à travers le monde pour repenser toute notre stratégie économique et commerciale en relançant l’activité de production, en renforçant le dispositif industriel, la transformation locale de nos produits, la valorisation de ceux-ci», estime le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.
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«Les produits importés n’apportent pas de valeur ajoutée. Pour aider nos PME, autant que faire se peut, je préfère acheter les marques locales. Sauf bien entendu lorsque la qualité est vraiment moindre», avance pour sa part Jean Kohna, enseignant.
Certes, de plus en plus d’acteurs de la grande distribution s’engagent à mettre à disposition des consommateurs, les produits de fabrication camerounaise. Idem avec la floraison de diverses initiatives pour la valorisation des produits locaux.