Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, a procédé en milieu de semaine dernière à l’inauguration et à la mise en service de six nouveaux engins nautiques au Port autonome de Douala (PAD), dans la métropole économique. D’un coût de plus de 45 milliards de francs CFA, ces équipements viennent résoudre en grande partie l’épineux problème du dragage pour améliorer la rentabilité et l’autonomisation de cette plateforme portuaire, la principale de la sous-région Afrique centrale.
On recense, entre autres, une drague stationnaire, une drague aspiratrice et des navires d’appui destinés au balisage des eaux ainsi qu’au nettoyage de la surface des milieux aquatiques des plantes et divers contaminants aquatiques.
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Au départ, l’activité de dragage du chenal du fleuve Wouri, passage obligé des bateaux à destination du port, ainsi que des plans d’eau, des darses et des pieds de quai du port, était effectuée par des entreprises étrangères. Désormais, l’autorité portuaire s’en chargera elle-même. Ce, à travers la mise en place d’une régie déléguée pour la gestion de cette activité.
«L’externalisation de l’activité du dragage du port, qui auparavant était gérée en régie par l’ex-Office national des ports du Cameroun, a entraîné, depuis plus de deux décennies, une croissance exponentielle et excessive des coûts du dragage dont le poids, au fil des années, est devenu intenable pour l’équilibre financier du PAD», affirme le directeur général de l’entreprise propriétaire du port de Douala, Cyrus Ngo'o.
L’on apprend ainsi que de 1987 à 1997, l’opération de dragage gérée par l’ex-Office national des ports coûtait en moyenne 320 millions de francs CFA par an. Mais à partir de 1997, les coûts ont continuellement grimpé. Ils sont passés à 2,7 milliards annuels jusqu’à l'année 2000, puis à 4 milliards de francs CFA annuels entre 2000 et 2006, pour plafonner à 11 milliards de francs CFA en 2008-2009. Ce, avant de se fixer à 8,2 milliards de francs CFA sur l’exercice 2019- 2020.
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Soit au total, plus de 156 milliards de francs CFA, une moyenne de 10,5 milliards, de francs CFA dépensés par an. D’où l'option de l’internalisation du dragage qui s’est imposée pour maîtriser cette activité, réduire ses coûts et renforcer les performances opérationnelles du port tout en optimisant les activités relevant du service public portuaire.
«Les études économique et financière que nous avons fait faire démontrent qu’en la réalisant en régie, l’activité du dragage du Port de Douala coûterait 76 milliards de francs CFA en moyenne sur les 15 prochaines années», précise Cyrus Ngo'o. En plus de réduire les charges d’exploitation du PAD, l’autre enjeu ici est de rétablir la souveraineté de l’État du Cameroun sur le port. Ce, après la création d’une autre régie déléguée pour la gestion du terminal à conteneurs du port, suite à la fin du contrat de concession de DIT, filiale du groupe français Bolloré et de l’imbroglio judiciaire entraîné par la désignation d’un nouvel opérateur.
Enfin, en plus de ses missions techniques (maintien du chenal à une profondeur de -7 m, rétablissement des profondeurs de conception aux différentes darses et pieds de quais, entretien des pieds de quais et des plans d’eau), la régie dédiée au dragage a également une mission commerciale. Notamment, donner une valeur commerciale aux résidus des travaux portuaires du dragage et commercialiser les prestations de dragage auprès des autres potentiels clients.