Le vieux projet du Grand Inga est désormais sur les rails. Ce méga-barrage hydroélectrique sera réalisé sur le fleuve Congo, en République démocratique du Congo (RDC), le deuxième plus grand fleuve d’Afrique après le Nil, sur le site des chutes d’Inga dans la province du Bas-Congo. Le site où sera réalisé le barrage abrite déjà deux barrages, Inga I et Inga II.
Selon Rfi, c’est le milliardaire australien Andrew Forrest et son groupe Fortescue Metals, l’un des leaders mondiaux de l’exploitation du minerai de fer engagé depuis quelques années dans les énergies renouvelables, qui a été choisi pour réaliser le méga-barrage du Grand Inga, selon Rfi.
Le magnat australien s’est fixé un objectif de disposer d’une capacité installée de 100.000 MW (100 GW) au niveau du continent africain avec notamment des investissements prévus en Ethiopie, au Kenya,… Son ambition est d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2030.
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Une fois réalisé, le barrage hydroélectrique Grand Inga aura une capacité d’environ deux fois celui du plus grand barrage hydroélectrique du monde actuellement en activité, celui des Trois-Gorges de la Chine et sera 3 fois plus puissant que celui d’Itaipu entre le Brésil et le Paraguay. En clair, il aura une puissance supérieure à celle des deux plus grands barrages hydroélectriques actuels du monde réunis et 6,5 fois celui du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) et ses 6.450 MW prévus une fois complètement finalisé.
C’est dire que la capacité qui sera installée pour produire de l’électricité au niveau de ce barrage est importante et contribuera à résorber une partie du déficit en électricité du continent.
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Reste que sa réalisation va nécessiter d’importants investissements. Avec une capacité de 42.000 MW, soit l’équivalent de plus de 20 grandes centrales nucléaires, la réalisation du barrage va nécessiter un investissement colossal de 80 milliards de dollars. Outre le barrage, plusieurs infrastructures connexes sont prévues dont une ligne électrique de plus de 5.000 km jusqu’en Afrique du Sud en passant par la Zambie et la Namibie, un port et des unités de production d’hydrogène et d’ammoniac vert.
C’est à cause de son coût exorbitant et aux différends entre les différentes parties prenantes que la réalisation du méga-projet a été repoussée à plusieurs reprises.
En dépit de son coût exorbitant, le projet est rentable. Il va d’abord permettre à la RDC de combler son important déficit en électricité et accompagner son développement économique à travers l’exploitation de manière efficiente de ses importantes ressources minières (cobalt, cuivre, plomb, lithium,…). Actuellement, moins de 10% des Congolais ont accès à l’électricité.
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C’est pourquoi le projet bénéficie du soutien de grands bailleurs de fonds et d’institutions de développement dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque européenne d’investissement (BEI) qui soutiennent une production d’énergie propre, peu coûteuse et disponible.
De plus, sa réalisation contribuera à résorber le déficit en électricité de nombreux pays africains. La RDC fournira de l’électricité produite au niveau du Grand Inga à de nombreux pays d’Afrique de l’Est, Centrale et Australe qui enregistrent d’importants déficits à un coût faible. A ce titre, l’Afrique du Sud, qui fait face à des déficits en électricité importante, a signé un accord avec la RDC pour bénéficier de 2.500 MW d’ici 2030. Cet accord tient si le méga-projet est lancé d’ici 2023. Le barrage devrait aussi approvisionner en électricité de nombreux pays d’Afrique australe dont la Namibie, l’Angola et le Botswana.
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Reste que la réalisation de cet important projet ne sera pas sans conséquences environnementales. On craint ses effets néfastes sur des milliers de riverains du fleuve Congo qui seront déplacés à cause du lac qui formera le réservoir du barrage. Au minimum, 60.000 personnes seront déplacées.
Rappelons que la RDC abrite le plus grand potentiel hydroélectrique d’Afrique. Elle peut satisfaire jusqu’à 40% de la demande d’électricité du continent à un prix compétitif et de manière pérenne.