Le gouvernement a récemment annoncé avoir versé des remboursements au Club de Paris, un groupe de 22 créanciers publics regroupant notamment la France, les Etats-Unis ou encore l'Allemagne, sans donner de détail sur les montants.
"Nous devons être reconnus comme étant de bons débiteurs", a déclaré la semaine dernière le ministre des finances Mthuli Ncube, lors d'une conférence en ligne.
Des "versements symboliques" ont aussi été envoyés vers la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la Banque européenne d'investissement, a-t-il ajouté.
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Le rattrapage de la dette du Zimbabwe représente une tâche colossale. Représentant 71% du PIB, près de 6 milliards d'euros sont des arriérés.
La priorité est "de s'attaquer à ces arriérés auprès de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, les créanciers privilégiés", a souligné M. Ncube, ajoutant que le gouvernement aurait besoin d'un "sponsor" pour maîtriser sa dette.
Le Zimbabwe est tombé en défaut de paiement il y a une vingtaine d'années sous l'ère Mugabe, qui a laissé derrière lui une économie exsangue minée par le chômage, le manque d'argent liquide, d'essence et même d'électricité et d'eau. Il a été déposé fin 2017 par un coup de force de l'armée.
Son successeur Emmerson Mnangagwa veut aujourd'hui renouer avec l'Europe et les États-Unis, avec qui les liens avaient été rompus en raison de soupçons de truquages dans les urnes et de violations des droits de l'Homme.
- "Un geste" -
L'économie du Zimbabwe a connu des fluctuations spectaculaires depuis 2000, avec des années d'hyperinflation, avant de renouer avec la croissance en 2009.
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Mais le Covid et une récente sécheresse ont fait replonger l'économie dans la récession, avec une inflation qui a atteint trois chiffres.
Pour réaliser le projet ambitieux de M. Ncube de faire entrer le pays dans la classe moyenne mondiale d'ici 2030, le Zimbabwe a besoin de capitaux et d'investisseurs. Et le remboursement partiel de la dette est un moyen de rendre le pays plus attractif.
Pour l'heure, "il s'agit essentiellement d'un geste", tempère toutefois auprès de l'AFP l'économiste zimbabwéen Persistence Gwanyanya. "Ca ne signifie pas que nous sommes en mesure de payer la totalité de la dette, mais ça enverra un signal".
Selon le spécialise, le fait de verser des paiements, même minimes, montre au reste du monde que M. Mnangagwa veut faire des affaires différemment de son prédécesseur.
Même si l'actuel président n'est lui-même pas en odeur de sainteté auprès des pays occidentaux. Ancien proche de Mugabe, il fait partie des hommes politiques décrétés personæ non gratæ et interdits bancaires aux Etats-Unis et en Europe.
Ses avoirs à l'étranger ont été gelés, en représailles à la répression par le régime des droits et de toute opinion dissidente.
En juillet, la Grande-Bretagne a prononcé des sanctions contre un autre fonctionnaire zimbabwéen pour avoir frauduleusement racheté des bons du Trésor à un prix dix fois équivalent à leur valeur officielle.