Au titre de l’année écoulée, le Burkina Faso, à travers ses régies de recettes, a réalisé une performance de 105,09% de taux de recouvrement. Un exploit qui a favorisé du même coup un regain du dynamisme de l’activité économique dans le pays. Son PIB réel est passé de 2,5% en 2020 à 7,0% en 2021.
De l’avis de nombreux analystes, à l’instar de l’expert fiscal Amos Zong-Naba, ces résultats s’expliquent par de nombreux facteurs au nombre desquels la reprise de l’activité économique, après la crise de Covid-19 qui a fortement impacté la productivité des entreprises.
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«Pour expliquer ce taux qui est un record, je dirais que nous sommes à plus de 1.050 milliards recouvrés par la direction générale des impôts. Cela ne s’est jamais produit auparavant dans l’histoire du Burkina Faso. Cette année la direction a pu le faire et cela peut s’expliquer par plusieurs raisons. Je parlais de la reprise de l’activité économique parce que l’impôt est adossé à l’activité économique, au capital et au foncier», explique t-il.
A ces facteurs, s’ajoutent non seulement la qualité du management des travailleurs des régies de recettes qui a prévalu, mais aussi le retour à la stabilité après les importants remous sociaux qui ont secoué le pays et enfin l’ensemble des mesures prises par le gouvernement (plan de relance économique) en janvier 2021 au profit du secteur de l’économie.
«Aujourd’hui, l’organisation de la direction générale des impôts est telle qu’on a pu faire une segmentation des contribuables. Donc les contribuables qui ont au minimum un milliard de chiffre d’affaires sont appelés les grandes entreprises et sont logés dans une direction où ils bénéficient de soins appropriés. Ces contribuables, depuis 2019, leurs déclarations et paiements en ligne sont obligatoires. Et on a continué en 2020 avec les moyennes entreprises», développe Amos Zong-Naba.
De tous ces facteurs, le plus important reste bien entendu, sur le plan technique, la digitalisation, selon lui. Une avancée majeure qui offre de nombreuses facilités aux contribuables où qu’ils se trouvent.
« Esyntax, c’est la plateforme numérique qui a été mise en place pour permettre au contribuable de déclarer et de faire le paiement. Il y a un assistant robot qui pré-calcule déjà l’impôt pour le contribuable. Quand il déclare par exemple un chiffre d’affaires d’un million, la machine lui dit que la TVA fait cent quatre-vingt mille francs. Tout cela a contribué à ce que nous puissions avoir ce montant assez intéressant de 1.050 milliards, cette barre symbolique jamais atteinte», argue t-il.
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Egalement sur le fond, la tendance qui a consisté à restructurer la direction générale des impôts, notamment par la création de nouvelles directions des moyennes entreprises (Centre 03 et 04) et un service dédié au contrôle des mines, a largement contribué à engranger les gains supplémentaires.
«Depuis l’année passée, nous avons un service dédié au contrôle des mines que nous appelons le service de la fiscalité minière. Ce service là également a aidé pour le contrôle des mines. Il a permis de cerner ce que les mines peuvent rapporter au pays au plan fiscal. Ce service permet un suivi régulier et un contrôle s’il y a lieu. Tout cela a aidé à atteindre ce record historique», fait remarquer l’expert Zong-Naba.
Des chances de rééditer le même exploit en 2022? Oui, si on a les mêmes conditions, conclut l’expert. Il faudrait alors que réussir à maintenir le climat social apaisé au profit de l’activité économique, à continuer de doter les travailleurs des régies de moyens conséquents ou encore à innover davantage notamment dans l’élan amorcé de la digitalisation des services des impôts.