«La matière première que j’utilise est composée de paille de mil ou de sorgho, de tourteau de coton, de fruit de Gao broyé, de son de blé et de minéraux. Ces résidus sont broyés avant d’être mélangés pour obtenir un aliment pour bétail riche. Les aliments bétails disponibles dans le pays sont généralement vendus individuellement alors que le mien est composé et très nutritif pour le bétail», explique Nafissa Hamidou, directrice de l’entreprise Salma.
Depuis 2014 cette jeune femme, d’une trentaine d’années, s’est engagée dans la valorisation des résidus de récoltes en produisant une alimentation enrichie et de bonne qualité.
L’entreprise Salma de Nafissa Hamidou dispose d’une unité complète de production d’une capacité de 10 tonnes par jour et de laquelle sortent des sacs de 25 kg vendus entre 5.000 FCFA et 5.500 FCFA (entre 7,62 et 8,32 euros).
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«Au début, l’entreprise n’avait qu’une petite machine qui faisait 40 sacs par jour. Quatre ans après, nous sommes passés à 200 sacs par jour. C’est une activité rentable et je tiens à dire que les débuts n’ont pas été faciles, mais avec beaucoup de passion et de détermination, j’arrive à avancer», explique Nafissa Hamidou.
Une dizaine de personnes y travaille à plein temps, donc 50% de femmes. Huit ans après le lancement de son activité, Nafissa a gardé le même engouement. Elle se rappelle encore de ses débuts.
«Je suis sage femme de formation, ensuite j’ai poursuivi mes études pour être spécialiste en genre et plaidoyer. J’ai eu à travailler dans une organisation qui s’appelle la Plateforme paysanne qui collabore avec les agriculteurs. Et à chaque réunion, les éleveurs se plaignaient du fait qu’ils n'arrivaient pas à trouver de l’aliment bétail à haute valeur nutritive. Et c’est comme ça que j’ai décidé de me lancer dans la production d’aliment bétail et j’avoue que bon nombre de personnes se moquaient de moi et trouvaient que ce n’était pas fait pour moi puisque c’est une activité d’homme et malheureusement ils ne les transforment pas», souligne l'entrepreneuse.
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Ses clients sont principalement les organisations d’éleveurs, les associations et coopératives d’éleveurs, les propriétaires de ranchs, les éleveurs individuels et autres revendeurs. Nafissa est quasiment la première et la seule femme au Niger et sans doute l’une de rare de la sous-région, a opéré dans ce secteur. Elle en est consciente et ambitionne d’augmenter sa production pour aider à couvrir les besoins nationaux qui sont de plus en plus élevés à cause des déficits pluviométriques et donc des pâturages.
«J’ai pour ambition d’augmenter ma production car la demande est très forte. Les gens me disent qu’ils sont fiers de moi du fait que je sois la seule femme en activité dans ce secteur. Personnellement, je suis aussi fier d’être la pionnière dans ce secteur et je me réjouis aujourd’hui, qu’à travers moi, certaines personnes veuillent se lancer dedans. Et je les encourage car seule je ne peux pas couvrir toute la demande nationale», explique Nafissa Hamidou.
Au Niger l’élevage est pratiqué par près de 87% de la population active avec un cheptel évalué à environ 70 millions de têtes de bétail toutes espèces confondues.