Voici le montant colossal payé par le Nigeria pour la maintenance de ses avions à l'étranger en 2021

Un avion d'Airbus dans une installation de maintenance de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Roissy, au nord de Paris, le 27 juin 2019.

Un avion d'Airbus dans une installation de maintenance de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Roissy, au nord de Paris, le 27 juin 2019.. JOEL SAGET/AFP

Le 16/06/2022 à 15h10, mis à jour le 17/06/2022 à 15h59

Le Nigeria, pays disposant du plus grand nombre de compagnies aériennes en Afrique, dépense annuellement des montants colossaux pour l’entretien de ses avions. D’énormes sorties de devises que le pays pourrait économiser en investissant dans la maintenance.

2,5 milliards de dollars, c’est le montant colossal que les compagnies aériennes du Nigeria ont consacré à la maintenance de leurs avions hors du pays, en 2021, selon le site spécialisé News Aero.

Cette facture se justifie par le fait que le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 220 millions d’habitants, compte actuellement le plus grand nombre de compagnies aériennes régulières sur le continent. Le pays compte plus d’une douzaine de compagnies privées domestiques: Air Peace, Azman Air, Dana Airlines, Med-View Airline, Arik Air, Aero Contractors, Overland, First Nation, Max Air, Ibom Air, United Nigeria Airlines, NG Eagle, Green Africa Airways… En tout, celles-ci disposent d’une flotte globale d’une centaine d’avions pour le transport commercial et le cargo.

Toutefois, le Nigeria ne dispose pas de capacités MRO (maintenance, réparation et révision) aéronautiques pour couvrir ses besoins. Plus concrètement, depuis la faillite du transporteur national Nigeria Airways en 2003, il n’existe aucune installation de maintenance d’envergure dans le pays.

Du coup, les compagnies aériennes du pays sont obligées d’envoyer leurs appareils à l’international pour les opérations de maintenance et de révision qui coûtent des sommes colossales. En 2021, le coût global de la sous-traitance de la maintenance des avions nigérians a atteint un niveau record de 2,5 milliards de dollars, et la facture devrait continuer à grimper dans les années à venir avec l’arrivée sur le marché domestique de nouvelles compagnies. En effet, l'année dernière, l’Autorité nigériane de l’aviation civile (NCAA) a traité 23 nouveaux dossiers de demande de Certificat de transporteur aérien (CTA). Le 6 juin 2022, une nouvelle compagnie nationale, en cours de création, a d'ailleurs reçu sa licence d’exploitation de transporteur aérien.

Pourtant, les appels à la mise en place d'un écosystème MRO d'envergure au Nigeria ne datent pas d'aujourd'hui. Par exemple, en 2017, année durant laquelle 500 millions de dollars sont sortis du pays pour des opérations MRO, Allen Onyema, directeur général d'Air Peace, compagnie privée de droit nigérian, a souligné que «la mise en place de MRO en partenariat avec Boeing créera environ 10.000 emplois au cours de la première année».

Avec les compagnies aériennes existantes et celles en cours de lancement, les potentialités de développement en matière MRO au Nigeria sont en effet colossales. Ce potentiel devrait pousser les autorités et les acteurs dans le pays à investir massivement dans ce secteur et ainsi éviter l'hémorragie des devises. En prime, cela permettra la création de plusieurs milliers d’emplois, et le pays pourrait capter une partie des opérations MRO des compagnies aériennes de la sous-région. 

Par Moussa Diop
Le 16/06/2022 à 15h10, mis à jour le 17/06/2022 à 15h59