Les avertissements des agences de notation et banques privées internationales se suivent et, malheureusement, se ressemblent pour la Tunisie. Toutes les institutions mettent en avant les risques élevés de défaut de paiement du pays maghrébin.
Après les alertes des agences de notations Moody’s et Fitch Ratings, c’est au tour de la banque d’affaires américaine Morgan Stanley de mettre la Tunisie sur la liste de trois pays à risque de défaut de paiements, à côté de l’Ukraine et Salvador. La banque américaine, qui avait déjà alerté sur un risque de défaut de paiement de la Tunisie en mars dernier, confirme ainsi ses craintes à un moment où la situation économique manque de visibilité.
Rappelons qu’en début juillet, l’agence de notation Fitch Ratings avait placé la Tunisie sur la liste de 17 pays en défaut de paiement ou qui risquent de l’être, avec 3 autres pays africains: Ethiopie, Ghana et Zambie. Moody’s avait fait de même auparavant.
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Reuters aussi vient de s’ajouter à la liste des institutions qui alertent sur le risque de défaut de paiement de la Tunisie. Dans un article intitulé «The default? The dozen countries in the danger zone», la Tunisie est considérée comme étant l’un des plus risqués au niveau du continent.
Bref, une unanimité semble se dégager sur le risque de défaut de paiement que présente la Tunisie pour les institutions internationales. Le niveau abyssal de la dette publique et celui du déficit budgétaire, la baisse des réserves de change du pays, les difficultés d’accès aux financements extérieurs, la situation politique exécrable, le manque de visibilité pour les opérateurs économiques nationaux et étrangers sont autant d’indicateurs, etc. sont autant d'indicateurs qui inquiètent les investisseurs étrangers.
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A cause de ces différents avertissements, les investisseurs sont devenus méfiants à l’égard de la Tunisie. Selon Morgan Stanley, «les spreads obligataires tunisiens -la prime que les investisseurs exigent pour acheter la dette, plutôt que des obligations américaines, ont augmenté à plus de 2.800 points de base».
Aujourd’hui, le seul salut du pays ne pourrait venir que du Fonds monétaire international (FMI), dont une délégation de vient de boucler un séjour à Tunis. Le gouvernement tunisien négocie un prêt de 4 milliards de dollars pour faire face à son déficit budgétaire abyssal grevé par la forte hausse des dépenses, dont celles du service de la dette extérieure. Un tel prêt devrait aussi permettre d’accroitre sensiblement les réserves en devises du pays qui couvrent moins de 4 mois d’importations de biens et services, et rassurer davantage les investisseurs étrangers, en plus de permettre au gouvernement de pouvoir sortir sur le marché international de la dette.
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Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer le risque de défaut de paiement de la Tunisie si jamais le pays n’arrive pas à obtenir un important prêt du FMI qui pourrait lui ouvrir les portes du marché international de la dette dans des conditions acceptables et permettre au pays d’accéder à d’importantes ressources financières nécessaires pour faire face à son déficit budgétaire élevé et, particulièrement, à son service de la dette extérieure.
Le pays affiche actuellement un déficit budgétaire de près de 10% du PIB à cause notamment d’un ratio de la masse salariale rapporté au PIB parmi les plus élevée au monde, les difficultés d’accès aux financements internationaux pour financer le déficit, les impacts négatifs de la crise ukrainienne sur l’économie tunisienne…
A noter qu’à cause des impacts de la conjoncture mondiale difficile de ces dernières années, consécutive à la crise sanitaire du Covid-19 et plus récemment de la guerre Russie-Ukraine, plusieurs pays en difficulté ont été davantage fragilisés et se sont retrouvés en défaut de paiement, dont le Liban, le Sri Lanka, le Surinam, la Zambie, entre autres, et sont déjà en défaut de paiement. C’est le cas aussi de la Russie, de la Biélorussie et d’une douzaine d‘autres pays qui figurent parmi ceux présentant des risques de défaut de paiement. Il s’agit globalement de pays très endettés, affichant des taux d’inflation élevés et des coûts d’emprunts très élevés à cause de la perception des risques des investisseurs.