L’industrie de l’hydrogène vert attire de plus en plus d’acteurs mondiaux en Afrique. Et l’Egypte est l’une des cibles privilégiées de nombreux investisseurs dans ce secteur naissant qui devrait prendre son envol dans les années à venir. Après de nombreuses entreprises européennes, c’est l’entreprise indienne ReNew Power qui vient d’annoncer un investissement colossal de 8 milliards de dollars dans le pays. Des accords de développement d’importants projets de production et d’exportation de l’hydrogène vert et de l’ammoniac vert depuis la ville portuaire d’Aïn Sokhna ont été signés entre l’entreprise indienne et l’Autorité générale de la zone économique du canal de Suez (Scone), le Fonds souverain d’Egypte (TSFE), la Compagnie égyptienne de transport d’électricité (EETC) et l’Autorité des énergies nouvelles et renouvelables (NREA).
L’investissement sera réalisé en deux phases étalées sur la période 2022-2029 et se matérialisera par la construction de plusieurs unités à même de convertir l’électricité en hydrogène et ses dérivés dans la zone intégrée de Sokhna. Les unités seront dotées d’une capacité globale de 1,32 million de tonnes par an.
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La première phase sera mise en œuvre entre 2023 et 2025 et portera sur la construction d’une unité capable de produire 20.000 tonnes d’hydrogène vert et 100.000 tonnes d’ammoniac vert par an. Elle nécessitera un investissement de 710 millions de dollars. Quant à la seconde phase, elle sera mise en œuvre entre 2025 et 2029 et vise une capacité de production annuelle de 200.000 tonnes d’hydrogène vert et 1 million de tonnes d’ammoniac vert, avec des investissements estimés à 7,15 milliards de dollars.
Ce projet est le huitième annoncé dans le domaine de la production d’hydrogène vert en Egypte, mais il est de loin le plus important.
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Ainsi, l’Egypte se positionne en tant qu'un hub continental de la production d’hydrogène vert et dérivés. Elle a déjà attiré des acteurs internationaux comme EDF Renouvelables (filiale d’EDF/France), Total Eren (filiale de TotalEnergies/France), Masdar (Emirats), Scatec (Norvège), Amea Power (Emirats), Siemens (Allemagne) et H2-Industries (Allemagne) qui vont collaborer avec des partenaires locaux (SCZone, TSFE, EETC, Orascom Construction, Egyptian Electricity Holding Company…). A la clé, l'investissement de dizaines de milliards de dollars.
Ces groupes sont surtout attirés par le potentiel de l’Egypte en matière d'énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien. Le pays dispose déjà du plus grand parc solaire du continent africain avec le complexe Benban, opérationnel depuis 2019 et qui affiche une capacité de 1.650 MWc (mégawatt-crête). Ces énergies renouvelables sont nécessaires pour produire de l’hydrogène et de l’ammoniac vert à coût réduit. L’Egypte a également mis en place une politique énergétique attrayante pour les investisseurs étrangers, prenant ainsi une longueur d’avance sur ses concurrents de la région (Maroc, Algérie).
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Enfin, la crise énergétique qui touche particulièrement l’Europe à cause de la guerre Russie-Ukraine devrait accélérer la transition énergétique des pays européens et doper le développement des énergies propres avec un accent particulier sur la production d’hydrogène vert en Afrique, continent où il est possible de produire de grandes quantités en s’appuyant sur le potentiel exceptionnel de développement des énergies renouvelables.
Rappelons que l’hydrogène est obtenu à partir de l’électrolyse de l’eau qui est un processus qui vise à décomposer la molécule d’eau (H20) en dihydrogène (H2) et en oxygène (O) à l’aide d’un courant électrique. Et quand l’opération, très énergivore, est réalisée à partir d’une source énergétique renouvelable (éolien, solaire…), le produit est appelé hydrogène vert.