Les pays africains se lancent de plus en plus dans la mise en place de centres de maintenance, de réparation et de révision d’avions (MRO) pour l’entretien de leurs flottes aériennes, afin de réduire les sorties énormes de devises liées à ses opérations. Le Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique et qui compte le plus grand nombre de compagnies aériennes privées et la flotte d’avions civils la plus imposante du continent, vient d’annoncer la mise en place d’un centre MRO.
Celui-ci sera créé dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement fédéral du Nigéria et le groupe AJW Consortium, une entreprise du Royaume-Uni spécialisée dans la fourniture de composants, de solutions de réparation et de chaînes d’approvisionnement pour l’industrie aéronautique commerciale, d’affaires et de défense.
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La première puissance économique africaine ne dispose pas de capacités MRO depuis la faillite du transporteur national Nigeria Airways en 2003. En conséquence, toutes les compagnies privées réalisent leurs opérations de maintenance, réparation et révision à l’international. Le pays compte déjà une douzaine de compagnies aériennes privées -Air Peace, Azman Air, Dana Airlines, Med-View Airline, Arik Air, Aero Contractors, Overland, First nation, Max Air, Ibom Air, United Nigeria Airlines, NG Eagle, Green Africa Airways… D’autres compagnies privées sont en cours de création dans ce pays de plus de 210 millions d’habitants. Et cela entraîne des sorties de devises importantes. D’où l’intérêt d’avoir un centre MRO.
Ce centre sera réalisé dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP) offrant à l’entreprise britannique une concession sur une période de 30 ans. Sa réalisation va combler un vide au niveau de la sous-région ouest-africaine, qui est actuellement dépourvue de centres MRO conformes aux standards internationaux.
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La création de ce centre MRO aura des impacts positifs sur l’économie nigériane, la première économie africaine. D’abord, il permettra de combler un vide et de limiter la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur en matière d’entretien de sa flotte aérienne et réduire les immobilisations des avions des compagnies aériennes du pays. Ensuite, ce centre va permettre au pays de réaliser de conséquentes économies liées aux montants colossaux dépensés annuellement pour la maintenance, la réparation et la révision d’avions des compagnies aériennes privées du pays.
A titre d’exemple, en 2021, ces dépenses pour les aéronefs du pays à l’étranger se sont élevées à 2,5 milliards de dollars. Enfin, ce centre va permettre aux pays voisins d’y réaliser leurs opérations MRO, ce qui va générer des entrées de devises pour le pays.
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Rappelons que très peu de pays d'Afrique disposent de centres MRO répondant aux standards internationaux. Il s'agit essentiellement de centres adossés aux grandes compagnies aériennes du continent: South African Airways Technical (SAAT) d’Afrique du Sud, EgyptAir Maintenance and Engineering (Egypte), Ethiopian Airlines Maintenance and Engineering (Ethiopie) et Royal Air Maroc (Maroc).
Toutefois, d’autres pays ont fait part, cette année, de leur volonté de mettre en place des MRO. Outre le Nigéria, le Sénégal et le Ghana l’ont annoncé également, il y a quelques semaines. Le Ghana va s’appuyer sur EgyptAir, le futur partenaire de sa compagnie nationale, pour mettre en place un centre MRO qui va combler un vide au niveau de la sous-région. De même, Asky, la compagnie panafricaine basée à Lomé, a également annoncé son intention de faire de la capitale togolaise un hub de la formation et de la maintenance aéronautique.