Depuis, cette jeune femme de 20 ans est devenue une diva de la toile, courtisée par de grandes marques et encensée par Rihanna comme par Beyoncé.
"Je suis une crâneuse professionnelle, c'est mon talent (...) Instagram, Facebook, Twitter, Snapchat: tant de plateformes pour rappeler aux gens que tu es meilleure qu'eux", lâche dans un de ses posts la Nairobienne, chaussant avec indolence des lunettes de soleil noires.
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Fin mars 2020, dans un monde qui se confine face à l'émergence du Covid-19, cette étudiante en journalisme s'amuse dans une vidéo publiée sur Instagram du fait que "personne ne (lui) manque", tout en engloutissant bruyamment un paquet de chips.
"Et ces gens qui me disent constamment +Tu me manques+... (...) Est-ce que je paye tes frais de scolarité, est-ce que je paye ton loyer, est-ce que je te nourris ? ", raille-t-elle dans un mélange d'anglais et de swahili.
Au fil des vidéos, Majimbo enchaîne les commentaires sarcastiques sur le coût de la vie, le port du masque ou les hommes qu'elle aime - riches, de préférence. Le tout ponctué de gloussements et de chips qui font rire ses fans aux éclats.
"Elle est intelligente, insolente, sûre d'elle et sans complexes", a dit d'elle Boniface Mwangi, un célèbre activiste kényan, il y a quelques mois.
En un an, son compte Instagram est passé de 7.000 à 2,3 millions d'abonnés et la presse internationale lui a déroulé le tapis rouge : New York Times, CNN, TeenVogue, Forbes Africa - qui la consacre début mars femme artiste de l'année 2021.
- "Sa propre marque" -
Aujourd'hui, les vidéos comiques se font plus rares. Sur les réseaux, "Elsa", qui a arrêté ses études, égrène un quotidien mêlant festins de pizzas, vols en classe affaires, sessions de skateboard, collaborations commerciales, et innombrables selfies.
"Je ne peux pas croire que j'ai le privilège d'être Elsa Majimbo. Moi. Je suis Elsa Majimbo. C'est comme jouer au loto et gagner", résumait-t-elle récemment, entre deux escapades à Johannesburg, Dubaï ou Kigali.
Comme le note Anyiko Owoko, experte en relations publiques, Majimbo a commencé par "faire des blagues" avant de "devenir sa propre marque". "C'est la fille d'à côté qui est devenue mondiale", décrypte cette entrepreneuse influente.
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En mars, la marque italienne Valentino s'est enorgueillie de publier un livre en collaboration avec la jeune femme, "pour sa première incursion dans le monde du luxe".
Sa "meilleure amie", la chanteuse Rihanna, l'a associée l'année dernière à la promotion de sa marque Fenty, tandis que Beyoncé l'a citée parmi une dizaine de femmes qui l'inspirent... entre l'élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez et la légendaire actrice Jane Fonda.
Malgré des mois de discussions avec son agent, basé à Los Angeles, l'AFP ne parviendra à obtenir ni interview ni séance photo, mais recevra nombre de recommandations comme éviter le label "influenceuse" ou son origine "kényane", "se concentrer sur sa carrière et non sur l'endroit où elle a grandi".
Si dans son pays certains s'irritent de cette vedette qui accole le drapeau sud-africain (où elle a d'abord percé) à son Instagram, ses abonnés comptent de nombreux Africains et des Noirs américains, qui voient en elle une voix forte.
Passées les fanfaronnades, l'influenceuse s'est plusieurs fois exprimée en faveur des droits LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) et du mouvement Black Lives Matter.
En janvier, dans le cadre d'une campagne intitulée "Strong Black Lead", NetFlix a consacré un court film à cette joueuse amatrice d'échecs, la comparant à l'héroïne de sa série "Le jeu de la dame". Elle y évoque le poids du "colorisme", c'est-à-dire les discriminations envers les personnes à la peau plus sombre.
"Je suis une très, très, très fière jeune femme africaine à la peau foncée", y clame Majimbo.
"Je n'ai jamais pensé que je méritais moins (que les autres). Je pensais que je déchirais".