Crise gambienne: la CEDEAO atteint une nouvelle dimension

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Le 21/01/2017 à 17h35, mis à jour le 21/01/2017 à 18h35

Alors que les chefs d'Etat qui s'éternisaient au pouvoir ne partaient que par des coups d'Etat, aujourd'hui ce sont les Africains eux-mêmes qui mettent la pression sur les leaders devenus illégitimes. Mais la CEDEAO est la seule organisation sous-régionale qui donne l'exemple en s'impliquant.

Mention spéciale pour la CEDEAO. Cette organisation sous-régionale vient de prendre une dimension particulière en forçant Yahya Jammeh à céder le pouvoir au vainqueur de l'élection de début décembre dernier. Elle est la seule qui a sans doute atteint ce niveau d'organisation et qui s'est dotée du cadre politique, mais également militaire capable d'imposer sa volonté aux éventuels dictateurs. Il faut dire que dans l'espace de cette communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, seule la Gambie faisait encore exception. L'ensemble des 14 autres chefs d'Etat sont issus d'élections qu'il est permis de qualifier de démocratiques.

Le mérite de la CEDEAO est d'autant plus important que la crise a été résolue sans qu'une seule goutte de sang ne soit versée. L'organisation a su se montrer ferme tout en donnant à la solution politique toutes ses chances.

Quand en 2014, Blaise Compaoré a voulu amender la constitution pour se donner la possibilité d'avoir un nouveau mandat après 27 ans passés au pouvoir, c'est le peuple burkinabè qui s'y est opposé. Le soutien de l'armée burkinabé fera le reste, poussant Compaoré à démissionner et à se réfugier en, Côte d'Ivoire.

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Un scénario identique aurait pu être imaginé pour la Gambie, mais l'homme fort de Banjul tenait le pays d'une main de fer. Il n'a jamais hésité à réduire au silence tout ceux qui ont osé contester son pouvoir. Il fallait donc qu'il y ait cette intervention de la CEDEAO, soutenue notamment par le Conseil de sécurité des Nations unies et par l'Union africaine. 

Au cours des quinze dernières années, la liste est longue des chefs d'Etats qui ont connu un sort proche de celui de Jammeh ou de Compaoré. Evidemment, il y a deux cas des plus regrettables où la France est intervenue de manière fort maladroite, s'attirant ainsi les critiques de tout le continent. Il s'agit en l'occurrence des cas de Laurent Gbagbo et du Colonel Khadafi. 

Les Africains décident de leur sort:

7 juillet 2002: MADAGASCAR: Didier Ratsiraka s'exile en France après avoir contesté la victoire de son rival, Marc Ravalomanana, au premier tour de la présidentielle de fin 2001, et répondu à l'autoproclamation de son rival par une confrontation qui a dégénéré en affrontements. En mars 2009, Marc Ravalomanana, lâché par l'armée, sera contraint de démissionner.

11 août 2003: LIBERIA: Charles Taylor quitte le pays sous la pression de la communauté internationale et de forces rebelles qui luttent depuis 1999 pour renverser son régime.

14 janvier 2011: TUNISIE: Après 23 ans de règne sans partage, Zine El Abidine Ben Ali fuit pour l'Arabie saoudite, chassé par une révolte populaire déclenchée par l'immolation par le feu d'un marchand excédé par la pauvreté et les humiliations policières.

11 février 2011: EGYPTE:Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, remet ses pouvoirs à l'armée, au 18e jour d'une révolte qui a mobilisé des centaines de milliers de manifestants (850 tués).

Regrettable intervention de la France:

.11 avril 2011: COTE D'IVOIRE: Laurent Gbagbo est arrêté par les forces françaises après plus de quatre mois de crise (3.000 morts) née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle de fin 2010 face à Alassane Ouattara. Son arrestation par les forces de Ouattara intervient après plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne et de l'ONU. Il est transféré à La Haye où il est jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité.

20 octobre 2011: LIBYE: Mouammar Kadhafi, qui a gouverné pendant presque 42 ans, est tué près de Syrte, après que la France a soutenu militairement un mouvement de contestation déclenché en février à Benghazi avant de s'étendre et se transformer en conflit armé. En mars, une opération militaire avait été lancée par Paris surtout, Washington et Londres sous mandat de l'ONU, avant que l'Otan n'en prenne les commandes

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 21/01/2017 à 17h35, mis à jour le 21/01/2017 à 18h35