Zambie: le chef de l'opposition en prison pour avoir arrêté le cortège présidentiel

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Le 12/04/2017 à 15h12, mis à jour le 12/04/2017 à 15h15

Pour avoir arrêté le convoi présidentiel, Hakainde Hichilema, le chef de l'opposition zambienne a été arrêté et inculpé de trahison.

Le principal opposant zambien Hakainde Hichilema a été inculpé mercredi pour avoir tenté de bloquer le convoi présidentiel, une claire mise en garde du régime d'Edgar Lungu à ceux qui s'obstinent à refuser de reconnaître sa réélection. Arrêté mardi, M. Hichilema est poursuivi pour "trahison" avec cinq autres militants de son parti, a annoncé à la presse le patron de la police zambienne, Kakoma Kanganja.

Surnommé "HH", le chef du Parti uni pour le développement national (UPND) a également été inculpé de refus d'obtempérer à un ordre de la police et d'insultes. "Il est établi que le chef de l'opposition a désobéi à la police qui lui ordonnait de laisser passer le convoi présidentiel et tenté de mettre en danger la vie du président de la République", a justifié l'inspecteur général Kanganja.

Bloquer le convoi présidentiel

Selon le quotidien d’État Daily Mail, un convoi de véhicules, dont celui de M. Hichilema, a tenté dimanche d'intercepter la caravane présidentielle en déplacement dans l'ouest du pays. La qualification de trahison, qui ne permet pas de libération sous caution en Zambie, est passible d'un minimum de quinze ans de prison et dans le pire des cas de la peine de mort.

Le chef de l'opposition a été arrêté mardi matin à son domicile de Lusaka au terme de plusieurs heures d'un véritable siège qui a mobilisé une centaine de policiers.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et pris d'assaut sa maison, avant de le conduire dans un camp d'entraînement de la police pour y être interrogé. Son interpellation a été dénoncée comme "barbare" par l'UNPD, qui a accusé le régime d'Edgar Lungu de lui faire payer son refus de reconnaître sa victoire à l'élection présidentielle.

Ne reconnaît pas la légitimité de Lungu

"Hichilema est accusé de ne pas avoir laissé passer le convoi car il ne reconnaît pas la légitimité du président", a abondé un analyste politique indépendant, Neo Simutanyi.

Candidat pour la cinquième fois à la magistrature suprême, Hakainde Hichilema n'a été devancé que de 100.000 voix (2,5% des suffrages) par le sortant, au pouvoir depuis 2015. Il a contesté les résultats pour fraudes mais la Cour constitutionnelle a finalement validé la réélection de M. Lungu. Il a depuis déposé d'autres recours devant les tribunaux.

Les observateurs internationaux avaient à l'époque dénoncé des intimidations contre les électeurs, ainsi que des restrictions dans l'accès de l'opposition aux médias. Ce n'est pas la première fois qu'Hakainde Hichilema est interpellé. En octobre dernier, il avait passé une nuit en détention, accusé d'incitation à l'insurrection et de rassemblement interdit.

"Actes criminels"

Devant la presse, le chef de la police a adressé mercredi un message à peine voilé aux partisans de M. Hichilema. "Je veux souligner que les actes du chef de l'opposition sont déraisonnables, dangereux et criminels", a martelé l'inspecteur général Kanganja. "Le public est prévenu que la police réagira à tout comportement similaire, quel que soit le statut ou l'affiliation politique de ses auteurs", a-t-il menacé.

"Avec cette accusation de trahison, HH pourrait être détenu un moment", a pronostiqué l'analyste Neo Simutyuani, "cela va arranger le parti au pouvoir qui veut mettre en sourdine le débat sur les résultats des élections". Deuxième productrice de cuivre du continent africain, la Zambie a enregistré l'an dernier une croissance économique de 3%, la plus faible depuis 1988.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/04/2017 à 15h12, mis à jour le 12/04/2017 à 15h15