Amseys, c'est le nom d'une entreprise française dont les salariés sont devant la justice dans le cadre d'une enquête sur la vente à la Libye d'un système de vastes écoutes téléphoniques, d'espionnage de boîtes email ou de communications électroniques. Le contrat avait été signé avec les hommes de Kadhafi dans les années 2000. Il a fallu la chute de ce dernier, pour qu'une journaliste du Wall Street Journal découvre le pot-aux-roses. Une affaire en appelant une autre, le magazine Telerama fait la découverte d'un contrat similaire, mais plus récent, avec l'Egypte.
L'une des principales personnes citées dans cette affaire est Stéphane Salies. Des ex-collègues, dont Ziad Takieddine qui agissait en tant qu'intermédiaire, et lui Stéphane Salies, ont été interrogés pour des faits plutôt graves. Puisque l'enquête porte sur une affaire de complicité d'actes de torture. C'est le pôle "Crimes contre l'humanité" du tribunal de grande instance de Paris qui s'en charge.
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La justice française n'a pas fini avec cette affaire libyenne, qu'une autre surgit en Egypte. Puisqu'entre temps, Stéphane Salies, qui connaît tout l'intérêt financier qu'il peut tirer de cette "vente d'armes électroniques", va essayer de brouiller les pistes et d'agir autrement. Ainsi, il rachète la technologie Eagle, celle là-même vendue à Kadhafi, la rebaptise Cerebro et la transfère à deux autres entreprises, dont l'une domiciliée à Dubaï. Il s'agit pour cette dernière d'Advanced Middle East Systems, dont l'abrégé donnera AMESys comme la société qui a maille à partir avec la justice en tant que "témoin assisté".
La question qui se pose est de savoir comment dans la France de Nicolas Sarkozy ou celle de François Hollande est-il si facile de vendre une technologie classée comme armement à des pays qui peuvent s'en servir à des fins douteuses, y compris contre leur propre peuple.
Car Cerebro, alias Eagle, permet d'intercepter massivement les communications. Ce logiciel est capable de savoir quels téléphones ont communiqué, lequel a changé de puce et de numéro, quel ordinateur s'est connecté sur tel site, etc. Et tout cela est rigoureusement stocké et peut-être restitué à la première requête. Selon les brochures présentées lors du salon Milipol, "à n’importe quel moment, les enquêteurs peuvent suivre l’activité de leur cible en entrant des critères avancés (adresses e-mail, numéros de téléphone, mots-clés)". C'est dire que les manifestants de la place Tahrir n'ont aucune chance d'échapper aux sbires d'Al Sissi, dès lors que le logiciel est installé par les services secrets égyptiens.