RD Congo: deux journalistes de l'AFP interpellés par des militaires à Kinshasa

Un soldat des forces armées de la République démocratique du Congo tient son arme lors d'une patrouille de sécurité autour de l'aérodrome de Kiwanja, à 70 kilomètres de la ville de Goma dans l'est de la République démocratique du Congo, le 3 avril 2022 .

DR

Le 25/07/2017 à 18h52, mis à jour le 26/07/2017 à 13h58

Deux journalistes de l'Agence France-Presse (AFP) ont été interpellés et malmenés mardi à Kinshasa par trois agents présumés des services de renseignement militaire alors qu'ils couvraient la grève des médecins dans un hôpital public de la capitale de la République démocratique du Congo.

Après avoir réalisé une interview avec le directeur de l'hôpital général de Kinshasa, les deux journalistes ont été interpellés par trois personnes se présentant comme des agents de la Demiap (Détection militaire des actions anti-patrie, renseignements militaires, NDLR).

"Trois personnes en tenue civile se présentant comme agents du service de renseignement militaire nous ont ravi le matériel (vidéo) et conduit sans ménagement auprès de leur chef, un major qui nous a signifié être +en état d'arrestation+", ont témoigné ces deux journalistes.

Ils ont alors été présentés à cet officier dans un bureau du renseignement militaire situé à l'intérieur de l'hôpital.

Ce major les a accusés de tourner des images destinées à "salir le pays" à l'étranger. Il leur a pris 15.000 francs congolais (environ 10 dollars). Les deux journalistes ont également été poussés et brutalisés.

Ils ont été libérés après intervention du médecin directeur au bout de 30 minutes. Leur matériel leur a été rendu en bon état.

Le ministre des Médias congolais, Lambert Mende, alerté, a promis de "s'occuper" de l'affaire.

"Nous étions accompagnés par un agent du service du protocole de l'hôpital commis par le médecin directeur pour nous conduire faire notre reportage", a précisé l'un des journalistes.

Les médecins congolais ont poursuivi mardi une grève avec service minimum entamée vendredi dans les hôpitaux publics de Kinshasa pour interpeller les autorités sur la baisse de leur pouvoir d'achat, sur fond de chute du franc congolais.

Le franc congolais a perdu plus de 55% de sa valeur depuis le début de l'année par rapport au dollar, aggravant la situation sociale d'une population majoritairement pauvre dans la mégapole de Kinshasa (10 millions d'habitants) et l'ensemble du pays (entre 70 et 80 millions).

Les agressions de journalistes, particulièrement ceux de médias étrangers, sont réguliers en RDC, pays qui occupe la 154ème place sur 180 dans l’édition 2017 de son Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 25/07/2017 à 18h52, mis à jour le 26/07/2017 à 13h58