Cameroun: le 1er octobre 2017 de toutes les inquiétudes

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Le 30/09/2017 à 10h35, mis à jour le 30/09/2017 à 13h05

La date qui commémore la naissance de la République fédérale du Cameroun en 1961 est choisie par les sécessionnistes camerounais comme la date de la partition du pays. La classe politique se mobilise pour faire front contre la sécession et l’inquiétude gagne les populations des régions anglophones.

Y aura-t-il une partition du Cameroun le 1er octobre prochain? La date est en tout cas annoncée par les partisans de la division du pays (Cameroun anglophone et francophone) sur les réseaux sociaux depuis quelque temps. Et elle n’a pas été choisie par hasard.

En effet, dans l’histoire du Cameroun, le 1er octobre 1961 marque la naissance de la République fédérale du Cameroun, suite à la réunification du Cameroun français et du Southern Cameroon britannique. Précédemment, un référendum d’autodétermination pour la colonie britannique d’alors (Cameroun anglophone) avait eu lieu. Le Nord de cette colonie, principalement musulman, a choisi d’intégrer le Nigeria tandis que le Sud, principalement chrétien, a préféré rejoindre la République du Cameroun pour former la République fédérale du Cameroun.

Les annonces des sécessionnistes, diffusées principalement à travers les réseaux sociaux sont prises au sérieux. Ce mardi 26 septembre 2017, les membres du Bureau de l’Assemblée nationale se sont réunis à Yaoundé pour discuter du sujet. La rencontre était élargie aux députés porte-paroles des partis politiques non représentés au Bureau de l’Assemblée nationale. Idem pour ceux, élus du Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, des régions dites anglophones (Nord-Ouest et Sud-ouest). A l’issue de ce conclave, l’assemblée a dénoncé la tentative de partition du Cameroun telle que projetée pour le 1er octobre 2017 et réaffirmé son attachement à un Cameroun «Etat unitaire décentralisé, un et indivisible».

C’est en gros ce qui ressort des réactions de la classe politique sur le sujet au Cameroun, même du côté des partis de l’opposition. «Les pères fondateurs, provenant de tout notre pays, porteurs de tout notre héritage anglophone et francophone greffé sur fond africain, nous ont laissé par la leçon de l’exemple un héritage précieux: le dialogue.

Ils nous disent de ne pas laisser la place aux faucons mais de nous mobiliser pour la République, pour l’unité nationale», a déclaré Adamou Ndam Njoya, président de l'Union démocratique du Cameroun (UDC). «Les démonstrations sont normales. Mais ce que je condamne, c’est l’excès. Nous ne sommes pas d’accord avec les destructions», ajoute Beatrice Annembom, secrétaire nationale à la Communication du Social Democratic Front (SDF).

Les contestataires envisageant des actions d’éclats, comme bloquer certains ponts et ouvrages stratégiques, les élus haussent le ton en demandant au gouvernement de prendre ses responsabilités face aux fauteurs de troubles, «afin que leurs actes soient sévèrement punis conformément à la loi».

Du reste, les deux régions anglophones, fortement militarisées sont sur le coup de nombreuses restrictions ces prochaines heures.

Ainsi, par exemple, le gouverneur du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï a signé un texte interdisant les déplacements entre les villes et les

regroupements de plus de quatre personnes. Et ce, à partir de ce vendredi à 9h (heure locale) jusqu’au lundi 2 octobre 2017, à 7h. Les

mouvements de mototaxis, le transport interurbain, l’ouverture des bars et boites de nuit sont également prescrits. Ce qui a poussé certaines populations à quitter ces deux régions, quand elles en avaient encore la possibilité. Sur place et même dans certains autres grands centres urbains, d’autres habitants ont préféré se ravitailler et faire des réserves (nourriture, médicament, etc.) pour pallier à toute éventualité.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 30/09/2017 à 10h35, mis à jour le 30/09/2017 à 13h05