Abou Khattala, dont la peine sera prononcée à une date restant à fixer, a notamment été reconnu innocent des actes qui ont causé la mort de l'ambassadeur John Christopher Stevens, d'un employé du département d'Etat et de deux employés de la CIA à Benghazi en 2012
Abou Khattala a été reconnu coupable de quatre chefs d'accusation: association à but terroriste, soutien au terrorisme, destruction malveillante de biens immobiliers et mise en danger d'autrui et port et utilisation d'une arme semi-automatique.
Il a été acquitté des 14 autres chefs d'accusation, parmi lesquels ceux lui faisant encourir la prison à perpétuité. Même si le Libyen de 46 ans peut encore théoriquement être condamné à une peine allant jusqu'à 60 ans de réclusion, le verdict annoncé mardi est un camouflet pour les autorités américaines qui n'ont pas réussi à convaincre les 12 jurés qu'Abou Khattala était bien le cerveau de l'attaque de Benghazi.
Cet événement avait choqué les Etats-Unis: aucun ambassadeur américain n'avait été tué depuis 1979. Plusieurs branches du gouvernement de Barack Obama s'étaient vu reprocher des failles et négligences, notamment le département d'Etat alors dirigé par Hillary Clinton. La CIA, elle-même critiquée à l'époque, a toutefois salué mardi la sentence.
Justice en partie rendue
"Aujourd'hui, justice a été en partie rendue. Un jury fédéral a condamné Ahmed Abou Khattala pour le terrorisme qu'il a infligé aux patriotes hommes et femmes --du département d'Etat et de la CIA-- à Benghazi dans la nuit du 11 septembre 2012", a déclaré Mike Pompeo, le directeur de l'agence de renseignement.
Portant une longue barbe blanche, M. Khattala a, durant les huit semaines de son procès, suivi les débats d'audience par le truchement d'un interprète. Ses avocats n'ont cessé de le présenter comme un homme religieux et conservateur, en réfutant qu'il vouait une haine tenace à l'Occident. Ce "patriote libyen" s'est selon eux battu "aux côtés des Américains" contre le régime du dictateur Mouammar Kadhafi, déchu en 2011.
L'accusation a de son côté tenté de démontrer que Khattala était un fondamentaliste radicalement opposé aux valeurs occidentales, qui ne supportait pas la rumeur selon laquelle les locaux américains de Benghazi étaient un nid d'espions. Une vingtaine d'hommes armés avaient pris d'assaut le complexe diplomatique, avant d'incendier la maison consulaire où étaient réfugiés l'ambassadeur Stevens et un diplomate, Sean Smith. Ils moururent asphyxiés.
Plus tard cette même nuit, les activistes avaient tiré au mortier sur un bâtiment de la CIA dans un autre quartier de Benghazi, ville située dans l'est de la Libye. Les obus avaient tué Glen Doherty et Tyrone Woods, deux anciens soldats d'élite recrutés par la CIA.
Absence de preuves
Malgré leurs efforts, les procureurs ont manqué de preuves irréfutables de l'implication de Khattala dans l'attaque. Les photos et vidéos de surveillance versées au procès ne l'ont jamais montré en train d'avoir un geste hostile.
Abou Khattala, qui n'est jamais entré dans la clandestinité, avait été capturé en 2014 à Benghazi, grâce à une opération commando et au retournement d'un de ses amis, récompensé par les autorités américaines d'une somme de 7 millions de dollars.
Il y a quelques années, il aurait probablement été transféré directement à Guantanamo et n'aurait connu que la détention et la justice militaires.
Ce procès devait permettre d'évaluer la capacité de la justice civile américaine à traiter de tels dossiers. L'acquittement partiel d'Abou Khattala pourrait au contraire renforcer la conviction des faucons du gouvernement Trump qu'une justice d'exception s'impose pour de tels accusés.
Un autre protagoniste présumé de l'attaque de Benghazi, Moustafa al-Imam, a récemment été capturé en Libye et ramené aux Etats-Unis pour y être jugé.