Avant c'était très difficile, depuis lundi, ce n'est presque plus possible: à Kinshasa, les Congolais qui veulent voyager vers 18 des 26 pays de l'espace européen de libre circulation Schengen -dont leurs destinations de prédilection, la Belgique et la France- n'ont même plus de guichet où déposer leur dossier.
Artistes, entrepreneurs, religieux, proches d'un membre de la diaspora à Bruxelles ou Paris, ils font les frais des relations exécrables entre la République démocratique du Congo et la Belgique.
L'Union européenne a en effet annoncé vendredi qu'elle suspendait les activités de la Maison Schengen de Kinshasa. Conséquence d'une décision préalable des autorités congolaises, qui avaient demandé à Bruxelles la fermeture de cette sorte de consulat européen.
Gérée par la Belgique, la Maison Schengen traite depuis 2010 les demandes de visas court séjour (moins de trois mois) pour le compte de 17 pays membres de l'Union européenne (Belgique, France, Allemagne...) et la Norvège.
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La Maison Schengen délivre 25.000 visas par an, dont l'immense majorité pour la France (10.500) et la Belgique (9.785), indiquent des sources diplomatiques.
Le pouvoir de Kinshasa voulait signifier à la Belgique, son ancienne puissance coloniale, qu'elle n'appréciait pas ses prises de position dans la crise liée au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.
"Les autorités congolaises ne se sont pas rendues compte qu'elles touchaient aussi 17 autres pays européens", commente une source diplomatique.
Les 18 pays concernés n'entendent pas reprendre individuellement le traitement des demandes de visas Schengen court séjour (certains n'ont d'ailleurs aucune représentation à Kinshasa).
"Les 18 États participant au dispositif consulaire de la Maison Schengen Kinshasa estiment important de préserver cette forme de coopération consulaire locale", a indiqué l'Union européenne, déclarant que les 18 pays "restent ouverts au dialogue" avec les autorités congolaises.
Visa au cas par cas
Première destination des Congolais, la France invoque aussi des problèmes humains et matériels (pas assez d'agents pour traiter les demandes de visas, pas assez de place dans l'ambassade ouverte en 2010 pour de nouveaux services consulaires).
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Premières victimes: les Congolais, déjà obligés par leurs autorités d'acquérir des nouveaux passeports biométriques d'un coût officiel de 195 dollars (158 euros).
"Cette décision me pénalise énormément. Pendant cette période de transition, on ne peut rien entreprendre parce qu'aucune nouvelle autre procédure n'est mise en place. Je risque de rater mes rendez-vous pour des importations", se désole Nathalie Kosha, commerçante, venue aux nouvelles à l'ambassade de Belgique.
Faute de délivrer des visas Schengen, les ambassades peuvent délivrer au cas par cas des "visas territorialement limités" à leur propre pays.
"Mais moi, je veux un visa Schengen. Je dois participer à une campagne d'évangélisation dans plusieurs pays d'Europe", explique Cassius Mukoko, un pasteur.
Au-delà de ces interventions ponctuelles, "il n'y a pas de solutions", soufflent des sources diplomatiques. La crise s'est même aggravée avec la fermeture -à la demande de Kinshasa- du consulat général belge de Lubumbashi, qui traitait aussi les demandes de visas pour la France déposées par des habitants des régions de l'Est.
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Solution de repli: les Congolais peuvent solliciter des visas aux ambassades des pays Schengen qui ne faisaient pas partie de la Maison Schengen (Espagne, Grèce et Suisse). Mais cela signifie qu'ils doivent commencer leur séjour par Madrid, Athènes ou Genève.
"Nous ne sommes pas la Maison Schengen. Nous délivrons des visas exclusivement pour l'Espagne. Vous devez produire des pièces justifiant votre séjour en Espagne. Vos points d'entrée et de sortie doivent se situer en Espagne.
Si vous voulez circuler à l'intérieur de l'espace Schengen ce n'est pas interdit, mais votre destination principale doit être l'Espagne. A votre retour vous avez l'obligation de démontrer à l'ambassade que vous aviez séjourné effectivement en Espagne avec des pièces justificatives", indique par exemple l'ambassade d'Espagne à un interlocuteur congolais.
Inutile enfin de traverser le fleuve Congo: l'ambassade de France à Brazzaville a fait savoir qu'elle n'avait pas la "capacité" d'"absorber" un afflux de nouvelles demandes venues de Kinshasa.