Cameroun. Présidentielle 2018: à 85 ans, Paul Biya appelé par ses partisans à se représenter

Paul Biya, président du Cameroun. . DR

Le 15/02/2018 à 10h48, mis à jour le 15/02/2018 à 11h03

Les appels à soutien en faveur du président de la République se multiplient alors que ce dernier n’a pas encore officialisé sa candidature. En face, l’opposition crie à la diversion.

C’est devenu presque comme une tradition dans le landernau politique camerounais. A la veille de chaque élection présidentielle, des «appels à candidature» fusent à travers le Cameroun pour demander au chef de l’Etat Paul Biya de se présenter. La célébration du 85e anniversaire du président de la République ce 13 février a été l’occasion d’un énième appel pour une candidature à la présidentielle de 2018.

Réunis au sein du Mouvement des amis de Paul Biya, des jeunes ont organisé un «meeting de soutien» au «candidat» Biya à Yaoundé, la capitale. «La jeunesse camerounaise tout entière attend avec impatience votre candidature pour l’élection présidentielle de 2018», ont-ils clamé au cours de la cérémonie organisée en présence du secrétaire général de la présidence de la République, «représentant personnel» du chef de l’Etat.

Dans le camp de l’opposition, on considère qu’il s’agit d’une «diversion» et on préfère ne donner aucun écho à ces messages de soutien. «On n’a aucune réaction. Nous sommes focalisés sur l’échéance à venir», indique un proche de Me Akere Muna, l’ancien bâtonnier du Cameroun et fils de l’ex-Premier ministre Solomon Tandeng Muna, candidat déclaré à l’élection présidentielle de cette année.

«Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun s’occupe de sa préparation aux prochaines échéances électorales et non pas de ce qui se passe chez la concurrence. La seule chose qui peut nous préoccuper, c’est la règle du jeu», affirme Alain Fogue, le trésorier du MRC, parti lancé par l’ancien ministre délégué à la Justice, Maurice Kamto, après sa démission du gouvernement en 2011. Ce dernier est «pressenti» pour être candidat à la présidentielle de 2018.

Pour le politologue Mathias Eric Owona Nguini, «les appels à candidatures, il y en a. Mais ceux-ci (les messages de soutien au chef de l’Etat, NDLR) sont plus bruyants et plus intéressés parce qu’il occupe une position centrale dans les institutions publiques».

En effet, des observateurs avertis de la scène politique nationale pensent que ces appels ne sont que l’expression de la classe dirigeante qui espère, par ces «actes de flagornerie», ne pas perdre les privilèges dont elle jouit sous le régime actuel. Ce d’autant plus que l’appel de mardi dernier s’inscrit dans le cadre d’une opération menée par des cadres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), dont Paul Biya est le président national.

Le chef de l’Etat n’a pas encore annoncé sa candidature, préférant ménager le suspense jusqu’au bout. «Nous avons le temps de réfléchir et, le moment venu, les Camerounais, comme tout le monde, sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite», a-t-il déclaré le 3 juillet 2015, à l’occasion de la visite d’Etat de l’ancien président français François Hollande au Cameroun.

Des fonds pour sa campagne ayant commencé à être levés, il semble inéluctable qu’il soit candidat à l’élection présidentielle. Surtout que les statuts du RDPC stipulent que le président national est le «candidat naturel» du parti à l’élection présidentielle.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 15/02/2018 à 10h48, mis à jour le 15/02/2018 à 11h03