A l'arrivée de Marcel Alain de Souza en 2016, les recettes non recouvrées et le fonctionnement dispendieux avaient fini par faire de la CEDEAO un mauvais payeur, à qui ni les salariés ni les fournisseurs ne faisaient confiance. Deux ans plus tard, la crise de trésorerie n'est plus qu'un vieux souvenir. "Dès ma prise de fonction le 8 avril 2016, j’ai été informé qu’en raison de la rareté des ressources et de l’état tendu de la trésorerie, il n’y avait aucune garantie que les salaires du mois d’avril 2016 soient payés", constate l'ex-président de la Commission de la CEDEAO.
De même, "la Commission était redevable envers 200 prestataires de services auprès desquels elle avait accumulé une dette d’environ 4.847.503,38 $ US, soit 3.474.496,87 UC au 8 avril 2016 pour divers services qui lui ont été rendus (biens/travaux/consultations)", précise toujours de Souza. C'est dire combien la situation était financièrement tendue et nécessitait des actions concrètes.
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Le Béninois qui a dirigé l'organisation régionale ces deux dernières années s'est forgé rapidement une réputation de diplomate financier, d'une part, et de cost killer, d'autre part. "Diplomate financier", parce qu'à chaque fois qu'il était reçu en audience par les chefs d'Etat, il mettait une douce pression sur ces responsables, en "exposant la situation du pays membre". Evidemment, cette attitude a été très bien accueillie par les présidents ouest-africains qui ont donné des instructions pour que le prélèvement communautaire soit reversé à qui de droit. Car, faut-il le rappeler, "un prélèvement de 0,5 est imposé aux marchandises provenant d'États non membres de la CEDEAO, pour financer l'organisation régionale". C'est d'ailleurs ce même prélèvement qui a inspiré l'Union africaine qui veut prendre son indépendance financière en mettant en place la taxe Kagamé de 0,2% grevant les importations de marchandises hors UA.
De même, côté dépense, la CEDEAO vivait pratiquement au-dessus de ses moyens. "Il existait un gaspillage systématique des ressources dans la consommation d’énergie et en particulier du carburant diesel destiné aux groupes électrogènes", explique de Souza. C'est ainsi qu'il a mis en place un comité qui s'est penché sur les sources de gaspillage et a formulé des recommandations qui ont été suivies, notamment en ne faisant fonctionner les groupes électrogènes qu'en cas de coupure d'électricité.
De même, des économies conséquentes semblent possibles au niveau des contrats d'assurance pour le personnel, un audit ayant révélé une certaine gabegie. "Les remarques préliminaires (du consultant engagé par la CEDEAO, NDLR) font ressortir qu’une marge d’au moins 30% de réduction des charges est envisageable. Les conclusions de ses travaux sont attendues".
Néanmoins, malgré les avancées notoires, l'équilibre budgétaire de la CEDEAO reste un chantier de longue haleine où il reste encore beaucoup à faire. Car, les prélèvements communautaires sont versés avec énormément de retard par la plupart des Etats membres. "La sensibilisation des Etats membres concernant l’importance des prélèvements communautaires pour la réalisation des programmes devrait se poursuivre", conclut de Souza. Il appelle par la même occasion à ce que "les poches de gaspillages des ressources et les actes de prévarication" soient "découragés avec la plus grande rigueur".
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Par ailleurs, l'affaire du détournement de 8,5 millions de dollars de la CEDEAO est pendante devant la justice. Le Léonais Alieu Sesay, ex-commissaire aux Finances de la CEDEAO, ainsi que trois autres personnes sont accusés d'être impliqué dans ce vaste détournement. Un autre dossier dont héritera