Cameroun: plusieurs responsables sommés de ne pas quitter le pays

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Le 20/03/2018 à 12h28, mis à jour le 20/03/2018 à 12h30

Plusieurs ex-ministres et des responsables d’entreprises étatiques encore en fonction ont interdiction de sortir du territoire national, selon une décision du délégué général à la Sûreté nationale. Ils doivent répondre de certains aspects de leur gestion auprès des autorités compétentes.

Plusieurs hauts responsables camerounais sont frappés d’interdiction de sortie du territoire national, suite à une décision du délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguélé. Il s’agit notamment d’anciens membres du gouvernement et de directeurs généraux, dont certains sont encore en exercice.

Parmi eux figurent l’ancien ministre de l’Eau et de l’énergie, Basile Atangana Kouna, et l’ex-secrétaire d’Etat auprès du ministre des Travaux publics chargé des Routes, Max Ayina Ohandja, tous deux limogés du gouvernement lors du réaménagement ministériel du 2 mars dernier. Certains journaux aujourd'hui en kiosque annoncent l’arrestation de Basile Atangana Kouna alors que ce dernier était en cavale. Aucune confirmation officielle pour le moment.

Selon des sources dignes de foi cependant, le ministre déchu devrait répondre des faits de présumés détournements de fonds publics devant le Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction créée spécialement pour s’occuper des cas de prévarication de la fortune publique, d’un montant de plus de 50 millions de francs CFA.

Autres personnalités visées par cette interdiction de sortie du territoire, David Nkoto Emane et Richard Maga, respectivement directeur général et directeur général adjoint de la Cameroon Telecommunications (CAMTEL), l’opérateur public historique de la téléphonie du Cameroun. Dans un «message radio porté» du 5 mars 2018, le patron de la police camerounaise intime l’ordre à tous ses collaborateurs de prendre les mesures nécessaires en vue de l’interdiction de sortie du territoire national de ces deux responsables.

Cette interdiction fait suite à une correspondance du Contrôle supérieur de l’Etat (CONSUPE) -l’institution chargée du contrôle des finances publiques- du 6 février dernier, en «application des instructions du chef de l’Etat» qui a instruit une enquête judiciaire le 23 février 2018 contre ces responsables de CAMTEL et certains de leurs collaborateurs, apprend-on. Alors que certains prédisent l’ouverture d’informations judiciaires à l’encontre de ces hauts responsables au TCS, dans l’opinion publique, on s’attend déjà à l’arrestation et à l’incarcération de ces personnalités.

Des arrestations qui devraient intervenir dans le cadre de l’opération Epervier, vaste offensive judiciaire lancée en 2006 dans le cadre de la lutte contre la corruption au Cameroun.

L’ex-Premier ministre Inoni Ephraïm et d’autres anciens pontes du régime tels Marafa Ahmidou Yaya (ancien ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation) et Jean-Marie Atangana Mebara (qui a occupé plusieurs portefeuilles ministériels, dont celui des Relations extérieures) ont été arrêtés dans le cadre de cette opération et croupissent depuis en prison.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 20/03/2018 à 12h28, mis à jour le 20/03/2018 à 12h30