RDC: coup de balai dans le foutoir de la magistrature

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Le 17/04/2018 à 12h33, mis à jour le 17/04/2018 à 12h34

Le régime congolais du président Joseph Kabila a donné un véritable coup de pied dans la fourmilière d'une magistrature devenue un bazar pour faux diplômés. Il a renvoyé à leurs études judiciaires 250 "magistrats" entrés dans le corps par effraction.

Dans la mythologie grecque, nettoyer les écuries d’Augias était une tâche réservée à un personnage d’une immense force physique, Hercules.

En République démocratique du Congo (RDC), immense pays d’Afrique, dont les commandes sont tenues par Joseph Kabila, en vertu du principe de la dévolution «dynastique» du pouvoir, cette tâche a été remise au goût du jour pour donner un bon coup de balai dans le désordre de la magistrature, transformée en foutoir par les turpitudes d’une société adepte de toutes les compromissions.

Ainsi, selon des informations données par les sites d’informations en ligne locaux, et largement relayées par la presse internationale, 250 faux magistrats ont été débusqués et chassés de postes illégalement occupés à la suite d’une enquête minutieuse menée par une commission nationale constituée à cet effet.

Le site d’informations en ligne «Direct CD» explique que cette opération d’assainissement a concerné «plusieurs catégories de fonctions de magistrats, allant des conseillers aux juges permanents, en passant par les juges d’instance, les juges de paix, les juges pour enfants, les procureurs et substituts de procureurs... Ces mesures constituent en fait des révocations, et font suite à une enquête menée au niveau du ministère de la Justice, avec le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui a permis de constater l’intrusion au sein du corps, de plusieurs personnes n’ayant pas la qualité d’y prester ou s’étant distinguées par des anti valeurs».

Concernant le mode opératoire ayant permis à ces nombreux aventuriers des bords du fleuve Congo d'accéder à un corps prestigieux, la même source rapporte «le cas d’un préposé aux archives de l’université de Kinshasa qui, pendant plusieurs décennies, distribuait de faux diplômes à des personnes qu’il prenait le soin d’inscrire sur les registres réguliers des vrais diplômés de la faculté de droit».

Cette opération intervient dans le contexte politique particulier puisque le pays attend une élection présidentielle plusieurs fois repoussée, et qui devrait se dérouler à la fin de l’année en cours, sous réserve d’éventuelles complications.

D'où la question de savoir si cette décision découle d’une réelle volonté d’assainissement, ou d’une simple opération de communication de la part d’un régime voulant se donner une nouvelle virginité pour proposer aux Congolais un nouveau projet de société après une vingtaine d’années de gouvernance...

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 17/04/2018 à 12h33, mis à jour le 17/04/2018 à 12h34