Le souffle de la controverse n’est pas retombé au Cameroun depuis les propos de l’ambassadeur des Etats-Unis dans le pays, Peter Henry Barlerin, le 18 mai dernier, au sortir d’une audience avec le président de la République. Le diplomate indiquait notamment «des assassinats ciblés» dans les affrontements en zone anglophone et suggérait au président Paul Biya de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle de 2018.
Le 22 mai, Peter Henry Barlerin a été convoqué par le ministre des Relations extérieures qui lui a exprimé la «désapprobation» du gouvernement camerounais face à cette «ingérence» dans les affaires internes du pays. Quelques heures après cette entrevue, le diplomate a quitté le pays et les médias se sont à nouveau enflammés, d’aucuns évoquant «un rappel»à Washington, voire une «expulsion» du Cameroun.
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Certains médias ont par la suite présenté leurs excuses et un démenti, face à ce qui s’apparente à un voyage programmé de longue date. «L’ambassadeur est parti pour des congés planifiés de longue date. Il revient le 7 ou le 8 juin prochain. Le chargé d’affaires assure l’intérim en attendant», confie une source digne de foi à l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé, la capitale camerounaise. Toujours est-il que, sur place, la classe politique dans sa majorité a condamné les propos de l’ambassadeur des États-Unis sur la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis octobre 2016.
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«Nous ne sommes pas favorables à toute forme d’ingérence dans les affaires du Cameroun de la part d’un pays étranger», a commenté Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) à la présidentielle de 2018, sur le plateau de la chaîne TV5 Monde.
«Nous respectons les États-Unis et ils doivent nous respecter. Je suis étonné qu’ils se permettent de critiquer d’autres chefs d’Etat. Qu’il s’agisse de Bush ou de Trump, nous ne sommes pas là devant des modèles absolus de démocratie. Le Cameroun n’est pas l’Amérique, ni une sous-préfecture de l’Amérique», déclare de son côté l’écrivaine Calixthe Beyala. Mais pour une minorité, le «conseil amical» du diplomate américain traduit le sentiment de nombreux Camerounais.