Cameroun: la France déclassifie des archives coloniales

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Le 29/12/2018 à 07h16, mis à jour le 29/12/2018 à 08h04

Une centaine de documents relatifs à la répression des maquis indépendantistes pour la période 1957-1969, et portant la mention «Très secret», viennent d’être déclassifiés par la France, trois ans après l’annonce faite par l’ancien président Hollande d’ouvrir les archives coloniales du Cameroun.

«Comme elle s’y était engagée en 2015, la France contribue à faire toute la lumière sur les épisodes tragiques de la répression des maquis indépendantistes des années 1950 et 1960 au Cameroun», indique l’ambassade de France sur son site Internet.

L’on apprend ainsi qu’une première série de plusieurs fonds d’archives diplomatiques relatifs à ces évènements pour la période 1957-1969 a été «classée, inventoriée et rendue consultable à la salle de lecture du centre des Archives diplomatiques de La Courneuve» dans l’Hexagone. Tous les documents de ces fonds émis par le Quai d’Orsay et portant la mention «Très secret», soit une centaine, ont été déclassifiés, d’après la même source.

Le travail d’inventaire, de classement et de déclassificaion des documents relatifs au Cameroun pour la période allant jusqu’à 1971 se poursuit et devrait s’achever l’année prochaine. Lors de sa visite au Cameroun en juillet 2015, l’ex-président français, François Hollande, avait évoqué la possibilité d’ouvrir les archives coloniales du Cameroun.

«C’est vrai qu’il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés et tragiques même. Puisqu’après l’indépendance, il y a eu une répression en Sanaga-Maritime, au pays Bamiléké, et nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts, les archives aussi», avait-il dit.

«Pendant la présence française ici, du temps de la guerre pour l'indépendance, l'administration sous son autorité a pris plusieurs documents appartenant à l'Union des populations du Cameroun (UPC, la plus vieille formation politique du pays dont les leaders, qui revendiquaient l’indépendance du pays, ont été assassinés par l’armée française, Ndlr). Ce parti avait sa manière d'écrire l'histoire politique du Cameroun, telle qu'il l'a voyait. Et nous ne pouvons retrouver ces documents que dans les archives qui ont été emportées et classifiées par les Français», déclarait l’historien Daniel Abwa dans une interview au quotidien gouvernemental.

Cette déclassification devrait permettre de connaître l'histoire du Cameroun pendant cette période, telle qu'elle était vécue par les nationalistes à l'époque. Pour certains cependant, il faudrait penser également à rapatrier ces documents au Cameroun afin qu’ils puissent être consultés par le public.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 29/12/2018 à 07h16, mis à jour le 29/12/2018 à 08h04