Cameroun: batailles autour du prix des boissons alcoolisées et sodas

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Le 08/03/2019 à 07h51, mis à jour le 08/03/2019 à 09h03

Le gouvernement camerounais, à travers le ministère du Commerce, a bloqué l'augmentation des prix, décidée par les entreprises brassicoles et entrée en vigueur depuis le 1er mars 2019 dans le pays. Et ce, au moment où la loi de finances 2019 impose de nouvelles taxes à ce secteur de l'économie.

Augmentera, augmentera pas? Actuellement, le gouvernement camerounais, les entreprises brassicoles et les associations de consommateurs se livrent un bras de fer autour du prix des boissons alccolisées. A l'issue d'une rencontre de concertation tenue mercredi 6 mars 2019 à Yaoundé, la capitale, le ministre du Commerce a instruit les entreprises brassicoles de surseoir à l'augmentation unilatérale des prix opérées depuis le 1er mars courant.

Selon la nouvelle grille tarifaire publiée par la Cameroon alcohol producers association (CAPA), il faut prévoir entre 25 et 50 francs CFA de plus, en fonction de la marque et du modèle de la boisson sollicitée. Une hausse répercutée par les débits de boisson détaillants qui s'élève jusqu'à 150 francs CFA par bouteille chez certains commerçants et beaucoup plus dans les snack-bars plus luxueux.

Si les consommateurs finaux trinquent, les associations en charge de la défense de leurs droits sont très vite montées au créneau. D'autant plus qu'il s'agit d'une violation flagrante des directives données par le ministère du Commerce qui avait validé une augmentation de l'ordre de 32 francs CFA à l'issue des calculs opérés en décembre 2018 avec les brasseurs.

Il s'agissait notamment de se conformer à la nouvelle loi de finances qui prévoit cette année, le relèvement de certaines taxes concernant le secteur brassicole. Entre autres, la réduction de 20 à 10 % de l’abattement de la base d’imposition au droit d’accises ad valorem des bières affichant un taux d’alcool inférieur ou égal 5,5%, l'élargissement du champ d’application du droit d’accise spécifique aux boissons gazeuses, sodas et autres boissons sucrées importés (2,5 francs CFA/cl), le réajustement du tarif du droit d’accise spécifique sur les vins et liqueurs.

«En dépit des contre-propositions formulées dès le mois de décembre 2018 par la CAPA afin d’éviter une augmentation des prix dans un contexte de pouvoir d’achat faible, les dispositions de la loi de finances 2019 sur notre activité nous ont contraints à revoir à la hausse les prix de la majorité des boissons fabriquées et commercialisées au Cameroun», indique en guise d'explication, Emmanuel de Tailly, directeur général de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), dans un communiqué.

«Le Groupe SABC et les autres membres de CAPA -soucieux de préserver leur modèle socio-économique et sociétal- ne sont en effet plus en mesure d’absorber une charge fiscale supplémentaire face aux enjeux sécuritaires, de commerce illicite et face à une pression fiscale que nous jugeons, déjà depuis quelque temps, excessive», ajoute-t-il.

Au demeurant, le gouvernement a instruit une reprise des négociations entre les différentes parties pour juger de la pertinence desdites augmentations.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 08/03/2019 à 07h51, mis à jour le 08/03/2019 à 09h03