Zimbabwe: à la veille du 1er mai, les travailleurs n'ont rien à fêter

DR

Le 30/04/2019 à 12h00, mis à jour le 30/04/2019 à 12h04

A la veille de ce 1er mai, les travailleurs zimbabwéens, n'ont que des revendications, puisqu'ils aspirent encore et toujours à de meilleurs conditions de travail face aux difficultés économique graves et à l'inflation que traverse le pays.

Alors que, les travailleurs du monde entier célébrent demain, mercredi 1er mai, la Fête du travail, les Zimbabwéens n'ont quant à eux, bien au contraire pas de quoi se réjouir.

Face à une inflation de 25% à 75% en l'espace de quelques semaines, ils réclament une hausse de leurs revenus afin de compenser la baisse de leur niveau de vie.

"Une multitude de problèmes, dont l'érosion des salaires face à des prix des matières premières en hausse perpétuelle impactant le prix du carburant, l'absence d'accès aux infrastructures sanitaires et sociales et le manque d'opportunités d'emploi, rendent les conditions de vie des travailleurs zimbabwéens d'une sévérité sans pareil", martèle Japhet Moyo, secrétaire général de la fédération intersyndicale Zimbabwe Congress of Trade Unions (ZCTU).

Japhet Moyo a par ailleurs indiqué à l'agence de presse officielle chinoise Xinhua, que la part de l'économie informelle continue de progresser, et que le pouvoir de négociation des travailleurs se réduit, puisque les syndicats ont perdu de nombreux membres à cause de la fermeture de plusieurs entreprises.

"La situation des travailleurs n'est pas bonne actuellement. Depuis un certain temps, les travailleurs peinent à obtenir des salaires durables à cause de la fragilité de l'économie", a-t-il déclaré.

La majorité du peuple zimbabwéen souffre actuellement d'une chute vertigineuse du pouvoir d'achat, car les prix des produits de première nécessité continuent d'augmenter tandis que les revenus stagnent au meilleur des cas.

Les prix ont augmenté de 25 % à 75 % ces dernières semaines tandis que le taux d'inflation au mois de mars est à la hausse, tout comme les mois précédents.

Le ZCTU est une fédération réunissant la plupart des syndicats du Zimbabwe, cependant Moyo s'inquiète de la baisse des effectifs des syndicats.

"Nous avons peu d'employés actuellement. Les syndicats n'ont plus le pouvoir de négociation associé à un grand nombre d'adhérents", a-t-il souligné.

Moyo a reconnu que les travailleurs étaient dans une situation précaire et qu'ils ne peuvent même plus organiser de mouvements pour réclamer des salaires plus élevés. Et pour cause, les employeurs affirment que des salaires élevés rendraient l'activité instable et entraîneraient inéluctablement, par la suite, des fermetures d'entreprises.

"Il est impératif de moderniser l'économie pour que les travailleurs puissent aussi avoir de bons salaires", a-t-il dit.

Les pénuries de devises étrangères ont également durement frappé les entreprises, à tel point que beaucoup d'entre elles fonctionnent en dessous de leur capacité, ce qui oblige des travailleurs à accepter des réductions d'horaires et, en conséqunce, de leurs salaires.

Le taux de chômage est officiellement évalué à 6,6 %.

Cependant, selon Japhet Moyo, de plus en plus de travailleurs perdent leur emploi. Depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmerson Mnangagwa, le 24 novembre 2017, le Zimbabwe traverse une crise économique grave en grande partie due à l'inflation, à la cherté de la vie.

Ce sont du reste les raisons qui ont poussé Robert Mugabe au départ le 21 novembre 2017.

Par Karim Ben Amar
Le 30/04/2019 à 12h00, mis à jour le 30/04/2019 à 12h04