Les premières réactions à l'international et de la classe politique camerounaise, après l'annonce par le président Paul Biya d'un «grand dialogue national» sur la crise sociopolitique et sécuritaire qui sévit depuis bientôt trois ans dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays, sont globalement positives.
«Il n’a peut-être pas accordé la grâce présidentielle que nous demandons depuis des mois pour les leaders inculpés dans l’enlisement dans la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (toute chose que nous regrettons), mais les axes de solutions énoncées ce soir (mardi 10 septembre 2019, Ndlr) proviennent du projet de société du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS)», écrit sur son compte Facebook officiel Serges Espoir Matomba, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle en octobre 2018, tout en indiquant qu'il prendra part au dialogue.
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«Cette adresse de M. Biya pourrait être un début de solution en espérant que la grande palabre se déroulera dans la sincérité», poursuit l'homme politique. Porteur d'une offre de «Conférence générale anglophone», le cardinal Christian Tumi a aussi exprimé sa satisfaction.
«Je suis satisfait (de l'annonce). Je ne peux pas dire ce que le dialogue va produire mais notre groupe a déjà analysé la situation et nous allons faire passer ce que nous avons déjà produit au Premier ministre qui, selon M. le président, va présider cette rencontre. Nous avons un document de 400 pages. Nous avons interviewé environ 1.000 personnes», déclare l'archevêque émérite de Douala.
Processus inclusif
«Nous sommes rassurés par l'engagement du chef de l’État à convoquer un grand dialogue national, qui pour nous doit être un grand moment de convivialité, d'entente et de pardon mutuel afin de trouver une solution aux problèmes dans les régions du nord-ouest et du Sud-ouest», affirme Robert Bapooh Lipot, député et secrétaire général de l'Union des populations du Cameroun (UPC).
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Cependant, d'aucuns attendent que soient précisés les contours du dialogue, ainsi que la date précise des assises. A l'international, l'annonce est saluée par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, qui «encourage le gouvernement camerounais à veiller à ce que le processus soit inclusif et réponde aux défis auxquels le pays est confronté».
Une position exprimée dans un communiqué de son porte-parole, Stéphane Dujarric. Idem du côté de l'Union africaine (UA). «Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, se félicite de l’engagement du président de la République du Cameroun, Paul Biya, d’organiser un dialogue national pour une sortie de crise dans les deux régions anglophones du pays. Il encourage et appelle tous les acteurs camerounais, y compris la diaspora et les groupes armés, à prendre part à ce dialogue national et à saisir cette opportunité pour débattre des causes profondes de cette crise», indique un communiqué du porte-parole du président de la commission, Ebba Kalondo ce mercredi.
Le président réitère par ailleurs la disponibilité de la Commission de l’Union africaine à accompagner le Cameroun dans la recherche d'une solution consensuelle et durable pour préserver l’unité et l'intégrité territoriale du Cameroun.