Barrage sur le Nil: "l'option militaire" évoquée par l'Ethiopie fait réagir l'Egypte

DR

Le 23/10/2019 à 10h51, mis à jour le 23/10/2019 à 10h57

L’Égypte a déclaré hier, mardi 22 octobre, avoir été choquée par la récente déclaration du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed qui fait référence à l’option militaire que pourrait choisir son voisin du nord dans la résolution du différend autour de la construction d’un barrage sur le fleuve Nil.

Le ton monte entre les deux voisins qui patagent avec le Soudan le mythique fleuve du Nil. 

La diplomatie égyptienne a déclaré hier, mardi 22 octobre, qu'elle était choquée en ajoutant qu’elle «suit avec une grande préoccupation» la récente déclaration du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

Le prix Nobel de la Paix 2019 a fait allusion à une option militaire dans la résolution du différend autour de la construction d'un barrage sur le fleuve du Nil.

Dans un communiqué, le ministère égyptien des Affaires étrangères a indiqué qu'il n'était pas approprié pour Abiy Ahmed d'envisager l'option militaire pour résoudre le différend avec l'Égypte sur la construction par l'Éthiopie du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil.

Le dirigeant éthiopien a déclaré mardi selon l’agence de presse officielle chinoise Xinhua, que «certains disent des choses sur le recours à la force (par l'Égypte). Il convient de souligner qu'aucune force ne pourrait empêcher l'Éthiopie de construire un barrage».

Le Premier ministre éthiopien a ajouté que «s'il faut se mettre à une guerre, nous pourrions avoir des millions de personnes prêtes. Si certains pouvaient tirer un missile, d'autres pourraient utiliser des bombes. Mais ce n'est pas dans le meilleur intérêt de chacun d'entre nous".

La diplomatie égyptienne a affirmé que le pays a toujours préconisé les négociations afin de régler les différends liés au GERD entre les trois pays, à savoir l'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan.

Selon ce même communiqué, l'Égypte avait reçu une invitation des États-Unis pour la participation à une réunion au sujet du différend du barrage entre les ministres des Affaires étrangères des trois pays dans la capitale américaine, Washington.

Le dernier cycle des pourparlers sur le GERD organisé par l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie, tenu le 5 octobre à Khartoum, capitale du Soudan, n'a pas abouti à une solution. Lors de ce round de négociation, l'Égypte a accusé l'Éthiopie de «rejeter toutes les propositions qui aideraient l'Égypte à éviter les graves dégâts causés par la construction du barrage».

L'Égypte, pays du bassin du Nil en aval qui dépend de ce fleuve pour son eau douce, craint que la construction du GERD n'affecte sa part annuelle de 55,5 milliards de mètres cubes de l'eau du fleuve.

L'Éthiopie a commencé à construire le barrage en 2011. Il devrait produire plus de 6 000 mégawatts d'électricité et devenir ainsi le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique si les travaux sont accomplis.

Par Karim Ben Amar
Le 23/10/2019 à 10h51, mis à jour le 23/10/2019 à 10h57