Soudan. Combats sanglants au Darfour: 18 morts dans le crash d'un avion militaire

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Le 03/01/2020 à 09h04, mis à jour le 03/01/2020 à 09h42

Dix-huit personnes dont quatre enfants ont été tuées jeudi dans le crash d’un avion militaire soudanais au Darfour après avoir transporté de l’aide dans cette région de l’ouest du Soudan, meurtrie par de nouvelles violences, a indiqué l’armée.

Selon un communiqué de l’armée, l’avion s’est écrasé cinq minutes après son décollage de l’aéroport d’El Geneina, capitale de l’Etat du Darfour-Ouest, frappée ces derniers jours par des combats entre tribus qui ont fait près de 50 morts.

“Un avion militaire Antonov 12 s’est écrasé après son décollage d’El Geneina. Tous ses occupants, sept membres d‘équipage, trois juges et huit civils dont quatre enfants, ont péri”, a affirmé le porte-parole militaire Amer Mohammed Al-Hassan, dans le communiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer les causes du drame, a précisé l’armée.

Plus tôt, une source militaire avait fait état du crash d’un avion qui avait acheminé de l’aide humanitaire aux habitants touchés par les violences à El Geneina sans fournir davantage de précisions.

Selon le Croissant-Rouge local, au moins 48 personnes ont été tuées et 241 blessées dimanche et lundi lors de combats entre tribus rivales arabe et africaine à El Geneina au Darfour, une région déchirée par les violences depuis 2003.

Dix-neuf des blessés sont dans un état critique et ont été transférés à Khartoum, à 1.100 km à l’est d’El Geneina.

Couvre-feu

Des habitants contactés par téléphone ont confirmé à l’AFP que les combats avaient cessé et indiqué que des forces de sécurité patrouillaient les routes principales de la ville.

Le gouvernement a imposé un couvre-feu dans le Darfour-Ouest lundi. Une délégation officielle s’est rendue sur place et des troupes ont été déployées à El Geneina. Selon des médias soudanais, les heurts ont éclaté après une dispute entre deux personnes.

Une femme contactée par téléphone a indiqué à l’AFP avoir fui le camp de Krinding, un camp de déplacés de la minorité ethnique non arabe Masalit près d’El Geneina, après que des assaillants ont mis le feu à des tentes. 

“Nous n’avons pas de nourriture et seulement les habits que nous portons. Des corps gisent sur le sol” dans le camp, a-t-elle déclaré.

En janvier 2016, six personnes ont été tuées dans des violences au Darfour-Ouest entre des membres de la tribu des Masalit et des membres de celle arabe de Beni Halba. Les heurts avaient déclenché des manifestations à Khartoum pour demander “la fin des massacres dans les camps de déplacés”.

Le Darfour est déchiré par les violences depuis que des rebelles issus de minorités ethniques ont pris en 2003 les armes contre le pouvoir central d’Omar el-Béchir, l’accusant de marginaliser leur région.

Fin décembre, le gouvernement soudanais et neuf groupes rebelles ont adopté une feuille de route pour mettre fin au conflit au Darfour.

Incarcéré depuis sa destitution par l’armée en avril 2019 sous la pression de la rue, M. Béchir a été jugé coupable de corruption. Une enquête a été en outre ouverte contre lui et 50 responsables soudanais pour crimes au Darfour.

M. Béchir fait l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux émis en 2009 et 2010 par la Cour pénale internationale pour “génocide”, “crimes contre l’humanité” et “crimes de guerre” au Darfour.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/01/2020 à 09h04, mis à jour le 03/01/2020 à 09h42