L’Allemagne ne compte pas délaisser son rang de premier exportateur européen vers l’Afrique, acquis depuis 2017 au détriment de la France. Et pour cela, la chancelière allemande multiplie les visites et les initiatives à destination du continent.
Ainsi, après le lancement de l’initiative «Compact With Africa» en 2017, visant à accompagner les entreprises allemandes à s’implanter en Afrique, dans le sillage des entreprises françaises, chinoises et turques, Angela Merkel a multiplié les visites et les initiatives, mêlant politique et économie.
Après avoir accueilli à Berlin, en janvier dernier, une Conférence internationale sur la Libye, la chancelière allemande a entrepris, depuis hier, jeudi 6 février 2020, une nouvelle tournée africaine, qui la mènera dans deux pays d’Afrique australe: l’Afrique du Sud et l’Angola, deux poids lourds à la fois africain et régional.
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Le choix de la région australe africaine n’est pas anodin. En effet, l’Afrique du Sud est le premier partenaire économique de l’Allemagne en Afrique. Pretoria représente en effet, depuis plusieurs décennies, la base de l’Allemagne en Afrique, et ce pays accueille 600 des 800 entreprises à capitaux allemands implantées en Afrique.
Si le continent ne pèse que pour 2% des exportations allemandes, l’Afrique du Sud représente, à elle seule, 1,2% des exportations de la première puissance économique européenne vers l’Afrique, et pèse pour près des deux tiers des investissements allemands en Afrique.
Des investissements concentrés dans trois secteurs principaux: l'automobile, la chimie et la pharmacie. Berlin a fait de l'Afrique du Sud, au fil des ans, sa base de développement sur le continent.
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Les constructeurs automobiles allemands sont en effet très présents dans le pays, où les chaînes de montage de BMW, Volkswagen et Mercedes-Benz produisent 230.000 unités annuellement, dont le quart est destiné au marché régional.
Autre cible de l'Allemagne: l’Angola, cinquième puissance économique du continent en termes de PIB, actuellement en pleine reconstruction, après des années de stagnation sous le régime du clan Dos Santos.
L'Angola offre d’importantes opportunités aux entreprises allemandes, mais celles-ci y sont pour le moment presque absentes, et seules une quinzaine d’entreprises allemandes ont actuellement noué des contrats dans ce pays d’Afrique australe.
Toutefois, outre le faible pouvoir d’achat des Angolais face aux produits allemands, il y a aussi la mainmise des Portugais sur l’économie angolaise, qui freine considérablement l’arrivée de nouveaux concurrents, dont les entreprises allemandes.
Au delà de ces deux pays, l’Allemagne souhaite diversifier la cartographie de ses relations avec l’Afrique, et ne pas dépendre du seul débouché que constitue l’Afrique du Sud, d’autant que la dynamique des économies africaines et le potentiel de cet important marché, de près d'1,2 milliard de consommateurs, constitue de belles opportunités à saisir pour les entreprises allemandes.
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C’est à ce titre que la chancelière allemande avait lancé en 2017 l’initiative Compact With Africa, visant à permettre aux entreprises allemandes de s’implanter en Afrique, et de les accompagner dans cette démarche. Toutefois, sii les investissements allemands ont augmenté de 10% en 2018, les entrepreneurs de ce pays hésitent encore à s’aventurer en Afrique.
Pour Stephan Kannengieser, directeur de la German African Business Association, «les autorités doivent en faire plus, si elles veulent pousser les Allemands à investir sur le continent».
A titre d’exemple, estimant que les investissements sont plus risqués en Afrique, Stephan Kannengieser avance que «les garanties offertes aux entreprises par l’assureur crédit français Euler Hermès, leader mondial contrôlé par le groupe allemand Allianz, sont insuffisants».
Depuis trois années à présent, la chancelière allemande s’attelle à donner un coup de fouet aux relations économiques entre l’Allemagne et l’Afrique. Et il y a largement matière à faire.
En effet, c’est en 2017 que l’Allemagne avait, fait inédit, réussi à détrôner la France de sa position de premier fournisseur européen du continent africain. Les exportations allemandes avaient alors atteint 25,6 milliards d’euros, contre 25,5 milliards d’euros pour la France.