Cameroun: Paul Biya annonce la création de 500.000 emplois en 2019 et suscite la polémique

Malgré un contexte économique difficile marqué notamment par l’épineuse question de l’employabilité des jeunes au Cameroun, «on peut toutefois se réjouir de ce que, selon les statistiques, un peu plus de 500.000 emplois ont été créés l’an dernier dans le secteur moderne de notre économie», a déclaré le président Paul Biya lundi soir dans son message à l’occasion de la Fête de la jeunesse qui se célèbre ce 11 février 2020 dans tout le pays.

«Promesse» tenue visiblement donc pour le chef de l’Etat qui, dans son adresse aux jeunes le 10 février 2019, annonçait qu’il était prévu la création d’au moins 500.000 emplois, précisant que le gouvernement poursuivra l’opérationnalisation d’un dispositif de gestion prévisionnelle des emplois.

A peine ces chiffres ont-ils été annoncés que déjà, la polémique enfle sur la Toile. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes s’interrogent notamment sur la véracité et l’origine de ces chiffres, quand d’autres ironisent en parlant d’emplois «virtuels».

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«Le chiffre avancé par le président est très critiquable. Techniquement, si on a créé 500.000 emplois dans le secteur moderne, c’est-à-dire le secteur des entreprises formalisées, cela devrait se traduire par une augmentation de 500.000 souscripteurs à la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale, Ndlr). Or, à la fin 2019, la CNPS n’avait pas plus de 300.000-400.000 souscripteurs», analyse un économiste sous le couvert de l’anonymat.

«L’indicateur serait que les 500.000 emplois aient un salaire viré par ordre bancaire, qu’ils aient une inscription à la CNPS, qu’ils aient une protection maladie minimale: ce qui est une règle claire de création d’emplois», ajoute ce spécialiste des questions économiques.

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Sur les sept dernières années, Paul Biya a annoncé la création de quelque 2.291.746 emplois : 285.000 en 2013, 283.443 en 2014, 350.000 en 2015, 400.000 en 2016, 473.303 en 2017, 500.000 en 2018 et plus de 500.000 emplois en 2019. «Mais, il faut bien reconnaître que ces efforts, même s’ils sont appréciables, ne sont pas de nature à régler un problème qui tient au fait que notre économie ne crée pas suffisamment d’emplois», admet Paul Biya, qui souligne également qu’il n’y a pas adéquation entre la demande et l’offre d’emplois «pour le moment».

Lundi, le président en a profité pour demander aux jeunes de s’engager davantage dans la gouvernance locale dans le cadre du processus de décentralisation en cours, en vue notamment de «bénéficier des opportunités qui vont se présenter».

En rappel, le marché du travail camerounais se caractérise par un secteur informel avec un pourcentage de 80% et un taux de chômage estimé à 13% sur le plan national. Selon le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, le tiers des jeunes de 15 à 35 ans n’ont pas «d’emplois décents».