Quelque 6.853.498 Camerounais étaient attendus aux urnes le dimanche 9 février 2020, pour l’élection de leurs députés et leurs conseillers municipaux. Un double scrutin, notamment marqué par une faible participation, de l'ordre de 25% de l'électorat, selon le taux avancé par les médias du pays.
Le taux d’abstention se situe ainsi «autour de 70%», d’après les observateurs de Dynamique citoyenne, un réseau regroupant près de 200 organisations de la société civile camerounaise, spécialisé dans le suivi indépendant des politiques publiques.
Cette «abstention record» -selon le terme employé par certains observateurs du landernau politique- est tout particulièrement due à l’insécurité dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et à un appel au boycott du scrutin lancé par certaines formations politiques de l’opposition, à l’instar du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto.
Lire aussi : Cameroun: des élections législatives et municipales sous tensions
S’exprimant après la clôture des opérations de vote, dimanche dernier, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, s’est pourtant déclaré satisfait que les Camerounais inscrits sur les listes électorales aient décidé d’aller aux urnes choisir leurs représentants à l’Assemblée nationale pour les cinq prochaines années, ainsi que leurs conseillers municipaux.
«Les appels au boycott lancés par des politiciens véreux et les terroristes en perte de vitesse n’ont eu aucun écho auprès des Camerounais», a-t-il affirmé.
Après avoir accompli son «devoir citoyen», le président de la République, Paul Biya, dans une déclaration à la télévision nationale, a demandé aux Camerounais «de faire leur devoir en allant au vote, contrairement aux appels au boycott de certains petits partis politiques», non sans affirmer que «la démocratie marche au Cameroun et elle avance à grands pas».
Côté gouvernement, l’on affirme que le double scrutin s’est déroulé dans «un calme relatif» dans les 26.336 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire national, alors que divers incidents violents ont été signalés ici et là.
Dans la partie anglophone du pays, militaires et séparatistes se sont affrontés peu avant l’ouverture des bureaux de vote, dimanche dernier.
Lire aussi : Cameroun. Elections législatives: le gouvernement dénonce des «tentatives d’ingérence extérieures»
A Bourha, une localité de la région septentrionale de l’Extrême-Nord, la sous-préfecture a été saccagée par des militants qui contestaient les résultats de ce double scrutin, et le chef d’antenne d’Elections Cameroun (Elecam), l’organe en charge de l’organisation des élections dans le pays, a été «tabassé par des vandales», rapporte Guibai Gatama, le directeur de publication du journal L’Œil du Sahel, très introduit dans cette partie du pays.
A Koupa-Matapit, à l’Ouest, au moins deux personnes ont été tuées, dans un contexte électoral tendu.
Malgré ces faits, les résultats des élections municipales du 9 février dernier devraient être proclamés ce mercredi 12 février 2020 dans les différentes communes par les commissions communales de supervision, mises sur pied dans le cadre de ce scrutin.
Celles-ci avaient en effet un délai fixé à 72 heures pour proclamer les résultats conformément à la loi, alors que l’on s’achemine vers une razzia du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).
Pour ce qui est des législatives, les résultats devraient être communiqués le 29 février au plus tard, soit 20 jours après le scrutin selon la loi, par le Conseil constitutionnel, unique instance habilitée à proclamer le résultat de ces deux votes.
Les candidats et les partis politiques, eux, ont eu jusqu’à ce jeudi 13 février 2020 pour introduire leurs recours.