Cameroun. Officiel: l’armée responsable du massacre des 22 villageois de février dernier

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Le 22/04/2020 à 16h16, mis à jour le 22/04/2020 à 17h19

La commission d’enquête prescrite par le chef de l’État, Paul Biya, pour faire la lumière sur la mort de civils survenue lors d’une opération militaire dans cette localité de la région anglophone du Nord-Ouest, a rendu son verdict ce mardi 21 avril 2020.

La commission d’enquête mixte mise sur pied sur instruction du président de la République, Paul Biya, a rendu sa copie à la suite des tragiques événements survenus dans la nuit du 13 au 14 février dernier dans la localité de Ngarbuh, dans la région anglophone du Nord-ouest. La reconstitution des faits a ainsi établi qu’un groupe de trois membres des forces de défense camerounaises, accompagnés de 10 membres d’un comité de vigilance local, en mission de sécurisation dans ce village où des terroristes se livraient à des exactions sur les populations, ont tué des civils.

«Après des échanges de tirs au cours desquels cinq terroristes ont été abattus et plusieurs armes saisies, le détachement a découvert que trois femmes et dix enfants ont péri du fait de son action (…) Pris de panique, les trois militaires, aidés par certains membres du comité de vigilance, ont tenté de masquer les faits par des incendies», indique le communiqué rendu public ce mardi 21 avril 2020 par le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Revenu à sa base, le chef de mission de l’opération a adressé à sa hiérarchie un compte-rendu «volontairement biaisé». Et, c’est sur la base de ces affirmations que le gouvernement a initialement fondé sa communication, réfutant notamment les accusations d’exactions de l’armée formulées par des ONG.

Suite aux responsabilités qui ont été établies, le chef de l'Etat a prescrit l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre le chef de bataillon Charles Eric Nyiangono Ze, commandant du 52e Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) et tous les militaires ayant participé à l’opération de Ngarbuh.

Par ailleurs, ceux concernés par les échanges de tirs incriminés (trois au total) ont été arrêtés et mis à la disposition de la justice. D’autres mesures ont été prescrites, notamment l’exhumation des corps des victimes afin de leur donner, aux frais de l’État, une sépulture digne et de finaliser les constats nécessaires à la manifestation de la vérité, ainsi que le recensement des ayants-droit des victimes par l’autorité administrative aux fins du versement par l’État des indemnisations et compensations appropriées.

Il a aussi été prescrit le renforcement de la sécurisation du village de Ngarbuh, notamment par la création d’une base militaire et l’érection d’autres services publics pour permettre une meilleure protection des civils contre les exactions des groupes armés.

Pour mémoire, suite à l’apparition sur les réseaux sociaux de photographies du «massacre» de Ngarbuh, l'armée camerounaise a été accusée d’exactions par certains médias et ONG. Dans un premier temps, le ministère de la Défense, dans un communiqué, a évoqué une propagande des terroristes sécessionnistes, en dénombrant cinq victimes - une femme et 4 enfants - après un «malheureux accident» lors d’une opération de sécurisation.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 22/04/2020 à 16h16, mis à jour le 22/04/2020 à 17h19