La police a étouffé, ce mardi 22 septembre, la manifestation de plusieurs personnes rassemblées à l’appel du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de l’opposant Maurice Kamto, au lieu-dit Poste centrale, dans le centre-ville de Yaoundé, la capitale.
Une autre manifestation au quartier Etoudi, où se trouve le palais présidentiel, a également été dispersée par les forces de l’ordre. Plusieurs personnes auraient été interpellées, dont des journalistes, rapportent des cadres du parti sur les réseaux sociaux.
«De nombreux manifestants portés disparus, voire traumatisés, grièvement blessés par des policiers faisant usage d’armes à feu, usant de tortures et sévices corporels graves. Le régime dictatorial n’a pas fait dans la dentelle pour tout mater dans le sang», écrit sur Twitter Sosthène Médard Lipot, secrétaire à la communication du MRC.
Selon ce dernier, des «éléments encagoulés de la dictature» ont «violemment attaqué» le domicile de Maurice Kamto dans la nuit de lundi à mardi, blessant grièvement un membre de la sécurité de l’homme politique.
Lire aussi : Cameroun: Yaoundé militarisée pour parer aux manifestations de l’opposition
A Douala, la police a dispersé à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau des regroupements à divers endroits de la métropole économique. On annonce également plusieurs arrestations.
A Bafang, dans la région de l’Ouest, quelques personnes sont descendues dans la rue pour réclamer la fin du régime. Ce, sous l’encadrement des forces de l’ordre déployées sur le site. Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on entend des manifestants crier «Cameroun: libérez, libérez!» ou encore «Paul Biya doit partir».
Lire aussi : Vidéo. Cameroun: la police disperse une manifestation de l'opposition
Les autorités ont interdit les manifestations annoncées par le MRC ce mardi. Maurice Kamto, qui continue à revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle d’octobre 2018, avait appelé les Camerounais à manifester «pacifiquement» pour réclamer le départ du président Paul Biya et contester la tenue des élections régionales du 6 décembre.
Il affirme qu’aucune élection ne peut se tenir sans la résolution de la crise anglophone et la réforme consensuelle du système électoral.
La «gigantesque campagne nationale d’appel au départ pur et simple» du chef de l’Etat annoncée par Maurice Kamto n’aura visiblement pas reçu la forte adhésion tant attendue. Dans plusieurs autres villes du pays, les autorités locales ont en effet déclaré qu’aucune manifestation n’a eu lieu de jour.
Le gouvernement a qualifié les manifestations du MRC de «mouvement insurrectionnel», prévenant que les forces de sécurité prendraient «toutes les mesures nécessaires pour assurer fermement le maintien de l’ordre public».
Lundi, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a appelé les Camerounais à vaquer sereinement à leurs occupations et «à rester sourds aux appels à l’insurrection, irréfléchis et insensés, à faire échec, comme de coutume, aux manœuvres déstabilisatrices d’où qu’elles viennent».