Les électeurs de la Tanzanie continentale et de l'archipel semi-autonome de Zanzibar éliront leur président et leurs députés après une intense campagne électorale, marquée par des rassemblements massifs dans le camp présidentiel comme dans celui de l'opposition.
Parmi les 15 candidats en lice, le principal challenger de Magufuli, 60 ans, sera le leader du parti d'opposition Chadema, Tundu Lissu, 52 ans, rentré au pays en juillet après trois années d'exil. Ce dernier y soignait 16 blessures par balles, reçues en 2017 lors de ce qu'il a dénoncé comme une tentative d'assassinat politiquement motivée.
Le retour de Lissu a revigoré une opposition plombée par les arrestations multiples, les attaques, et par l'interdiction des meetings en dehors des périodes électorales. Autant d'événements qui ont contribué à écraser la démocratie, selon des organisations de défense des droits humains.
En octobre, Zitto Kabwe, leader du populaire parti ACT-Wazalendo, a apporté son soutien à Lissu pour la présidence de la Tanzanie continentale, estimant que ce dernier avait "les meilleures chances de battre Magufuli".
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En retour, le Chadema s'est rangé pour la présidence de l'archipel de Zanzibar derrière Seif Sharif Hamad, un vétéran de l'opposition locale candidat sous la bannière de ACT-Wazalendo.
Bien que les tensions électorales soient récurrentes à Zanzibar, la campagne s'est avérée largement sereine cette année sur l'archipel, où 566.000 électeurs seront appelés aux urnes et où les derniers grands rassemblements politiques se sont tenus dimanche.
Sur le continent, c'est un peu plus de 29 millions d'électeurs qui rejoindront les bureaux de vote entre 07H00 et 16H00 (04H00 et 13H00 GMT).
Dérive autocratique?
Les sondages ayant été interdits, il est difficile de savoir qui se dégage en favori du scrutin. Mais certains s'inquiètent d'ores et déjà des incidents qui pourraient entacher le vote.
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"A mon grand désarroi, j'ai vu et entendu des rapports selon lesquels des représentants du gouvernement et des forces de sécurité perturbent et freinent la capacité des candidats à faire campagne librement", a écrit la semaine dernière dans un communiqué l'ambassadeur américain Donald Wright.
Ce dernier a également estimé que "la fréquence et la sévérité de ces perturbations" s'étaient accélérées à l'approche du scrutin.
La Tanzanie a longtemps été vue comme un havre de stabilité dans une région est-africaine troublée, mais depuis l'élection de John Magufuli en 2015, l'inquiétude a grandi quant à son glissement vers l'autocratie.
Le président a dans un premier temps fait montre de décisions populaires, s'invitant dans les bureaux des fonctionnaires pour vérifier leur travail ou bien réduisant drastiquement les voyages officiels.
Par la suite, il a interdit les rassemblements politiques tandis que sa tolérance envers ses opposants s'est effondrée. Des lois contre les médias ont été adoptées, des journalistes, activistes et des membres de l'opposition ont été arrêtés. Certains de ces derniers ont été tués.
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Magufuli vante lui l'extension de l'école gratuite, de l'électrification rurale et des projets d'infrastructure, ou encore la résurrection de la compagnie aérienne nationale.
"Je vous surprendrai avec encore plus de projets de développement si je gagne. Ce que j'ai fait ces cinq dernières années, c'est juste des cacahuètes", a-t-il promis lors d'un meeting, devant une foule immense.
"Libéré du Covid"
La campagne électorale s'est tenue sans aucune considération pour le coronavirus, Magufuli ayant déclaré son pays "libéré du Covid" en juillet, grâce aux prières.
Sous Magufuli, la Tanzanie s'est également dotée de lois permettant d'accroître ses revenus tirés de l'exploitation minière, et a réclamé aux compagnies de ce secteur des millions de dollars d'impôts rétroactifs.
L'économie a continué de croître, avant le Covid-19, au taux impressionnant de 6%, mais les créations d'emplois ont été "peu nombreuses" et la collecte agressive des taxes a affecté le secteur privé et refroidi les investisseurs, souligne Thabit Jacob, un analyste politique tanzanien installé au Danemark.
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Le FMI prévoit une chute de la croissance à 1,9% en cette année.
Comme d'autres analystes et membres de l'opposition, Thabit Jacob s'inquiète de savoir si les élections pourront se tenir librement dans un contexte où le président "Bulldozer" a lui-même nommé les membres de la commission électorale.
"Ne vous attendez pas à ce que la commission électorale annonce une victoire de l'opposition, cela n'arrivera jamais", conclut-il.