Le président égyptien est arrivé dimanche à Paris pour une visite d'Etat au protocole très réglé - une escorte à cheval acommpagnera son cortège jusqu'au palais de l'Elysée - durant laquelle il rencontrera les principaux responsables politiques français.
Point d'orgue de cette visite, il sera reçu une première fois lundi à 10h30 (09h30 GMT) par Emmanuel Macron, pour un entretien suivi d'un point presse, puis une seconde fois dans la soirée autour d'un dîner en format restreint.
Lutte contre le terrorisme, Libye, conflit israélo-palestinien, défis stratégiques liés à l'Iran, crise politique au Liban: les sujets régionaux, sur lesquels Paris et Le Caire sont largement en phase, ne manqueront pas.
Lire aussi : Amnesty dénonce une "frénésie d'exécutions" en Egypte
Les échanges risquent d'être plus compliqués sur les droits de l'Homme, même si trois dirigeants de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) ont été libérés juste avant la visite du président Sissi, au terme d'une forte mobilisation internationale.
"Des discours aux actes"
Les défenseurs des droits humains accusent Emmanuel Macron de dérouler le "tapis rouge à un dictateur", l'Egypte comptant plus de 60.000 détenus d'opinion selon les ONG.
Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée en 2013 et l'arrivée au pouvoir l'année suivante d'Abdel Fattah al-Sissi, une répression croissante s'est abattue sur toute forme d'opposition, islamiste ou libérale.
Après avoir refusé de "donner des leçons" à son hôte en octobre 2017, s'attirant les foudres des défenseurs des droits de l'Homme, le président Macron a promis d'aborder le sujet de front lundi.
Lors d'une visite au Caire en janvier 2019, il avait déjà regretté que la situation n'évolue pas "dans la bonne direction" en Egypte, car des "blogueurs, des journalistes et des activistes" y sont emprisonnés.
Lire aussi : Egypte: l'acteur Mohamed Ramadan suspendu après des photos avec des stars israéliennes
Pour les ONG, qui appellent à manifester mardi à 18h00 (17h00 GMT) devant l'Assemblée nationale, la France doit désormais passer "des discours aux actes".
Elle doit en premier lieu cesser "les ventes d'armes et de matériel de surveillance électronique" à l'Egypte, au risque de se retrouver sinon "complice de la répression", déclare Antoine Madelin à la Fédération internationale des droits humains (FIDH).
"Pôle de stabilité"
Dans ce contexte tendu, la visite restera en partie fermée à la presse, à commencer par la traditionnelle cérémonie d'accueil lundi à l'Hôtel des Invalides, officiellement pour cause de Covid-19.
Le président Sissi doit aussi déposer une gerbe devant la Tombe du Soldat inconnu mardi à l'Arc de Triomphe, poser la première pierre de la Maison de l'Egypte à la Cité internationale universitaire et visiter la Station F, plus grand incubateur de start-up au monde et passage obligé pour nombre de chefs d'Etat à Paris.
Lire aussi : Egypte: une cinquantaine de personnes exécutées en octobre
La priorité pour la France demeure le renforcement du "partenariat stratégique" avec le pays le plus peuplé du monde arabe, considéré comme un "pôle de stabilité" dans une région volatile, souligne-t-on à l'Elysée.
Les deux présidents feront le point de leur coopération sur les grands enjeux de sécurité régionale, de la lutte contre le terrorisme à la crise libyenne en passant par les rivalités avec la Turquie en Méditerranée orientale.
La France, qui s'est vu reprocher de soutenir le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen et allié du Caire, face au gouvernement de Tripoli - ce dont elle se défend -, espère contribuer à une sortie de crise alors que la situation semble s'apaiser en Libye.
Aucune grande signature de contrat n'est en revanche prévue à l'occasion de cette visite, après les années fastes marquée par la vente de 24 avions de combat Rafale à l'Egypte.