L'homme d'affaires, qui a multiplié les revirements depuis le lancement de cette enquête en 2013, avait jusqu'alors mis en cause l'ancien chef de l'Etat avant de faire volte-face en novembre, affirmant que "M. Sarkozy n'a pas eu un financement libyen pour la campagne présidentielle".
Dans une déposition rédigée le 12 décembre à Beyrouth et révélée par Paris Match et BFMTV, le sulfureux intermédiaire affirme avoir été "manipulé par des juges qui ne veulent pas connaître la vérité mais qui veulent détruire un ancien président".
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Selon lui, les juges lui auraient notamment fait miroiter, lors de rencontres officieuses, l'assurance de "sortir la tête haute" dans l'affaire Karachi, qui lui a valu une condamnation à 5 ans de prison en juin à laquelle il s'est soustrait en fuyant au Liban.
Ces nouvelles accusations sont "de pures affabulations" a réagi auprès de l'AFP l'ancien juge Renaud Van Ruymbeke qui a instruit l'affaire Karachi, portant sur des commissions occultes liées à des contrats d'armement avec l'Arabie saoudite et le Pakistan.
"Il n'y a jamais eu le moindre accord (...) pour négocier une peine dans l'affaire Karachi en échange d'aveux" dans le dossier libyen, a-t-il ajouté.
De son côté, le juge Serge Tournaire, qui a instruit le dossier libyen jusqu'en 2019, "conteste fermement l'intégralité des déclarations de M. Ziad Takieddine", a déclaré à l'AFP Catherine Pautrat, présidente du tribunal judiciaire de Nanterre, dont M. Tournaire est premier vice-président chargé de l'instruction.
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Le parquet national financier a indiqué à l'AFP avoir été "destinataire" de la déposition de M. Takieddine "mais n'entend pas faire de commentaire à ce stade".
Contactée par l'AFP, son avocate Me Elise Arfi, n'a pas souhaité réagir.
L'enquête a été ouverte après la publication par Mediapart en 2012, dans l'entre-deux tours de la présidentielle, d'un document censé prouver que la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007 avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.
En sept ans de travail, les magistrats ont réuni une somme d'indices troublants qui ont donné corps à cette thèse. Mais aucune preuve matérielle indiscutable n'a pour l'heure été trouvée, même si des mouvements de fonds suspects ont conduit à dix mises en examen (inculpations) à ce jour.