Algérie: des idées pour sortir du gouffre, mais difficiles à mettre en oeuvre

L'économie algérienne n'est toujours pas prête au libre-échange.

L'économie algérienne n'est toujours pas prête au libre-échange. . DR

Le 05/01/2021 à 15h49, mis à jour le 06/01/2021 à 15h43

Faisant face à une sévère crise économique et financière, le gouvernement algérien vient de concocter quelques idées pour sauver le pays. Sauf qu'en matière d'entrepreneuriat et d'investissements directs étrangers, l'Algérie part de tellement loin que les cinq années risquent de ne pas suffire.

Le ministère de la Prospective, une sorte de département dédié à la planification économique, propose de s'appuyer sur trois principaux axes pour sauver le pays du désastre.

Il s'agit notamment de l'entrepreneuriat, de l'industrie et des investissements directs étrangers (IDE), qu'il conviendra de développer pour les cinq prochaines années. Les autorités algériennes se bornent à expliquer pourquoi il est important de doper chacun de ces leviers, sans pour autant expliquer le véritable plan d'action qui permettra d'atteindre cet objectif.

Ainsi, en matière d'entrepreneuriat, il s’agit de "la création et la promotion d’entreprises de toutes tailles, notamment sur le plan de l’innovation". Cela passera par la mise en place d'un écosystème d'instruments favorisant la création d'entreprises, tout en renforçant les possibilités en matière d'innovation. la création de zones d'activités éconpmiques est suggérée pour pouvoir faire émerger les micro-entreprises.

De même, en ce qui concerne l'industrie, il est sugéré d'orienter la politique d'investissement vers les secteurs productifs qui peuvent tirer le reste de l'économie vers le haut, permettant notamment de renforcer des exportations.

Enfin, concernant les investissements directs étrangers, le gouvernement algérien suggère d'attirer les relocalisations des entreprises occidentales, afin de permettre au pays de se positionner sur la carte de la production mondiale.

En paralèlle, l'utilisation de ces trois leviers se fera en mettant l'accent sur des secteurs identifiés comme étant des clés de la diversification, notamment l'agriculture, les mines, le numérique, les énergies dont les renouvelables, la production pharmaceutique et le bâtiment, travaux publics et l'habitat (BTPH).

Mais la faiblesse de ce document de planification économique réside dans l'absence d'un plan d'actions clair permettant de concrétiser ces bonnes intentions. 

Quoi qu'il en soit, quand on est l'un des derniers pays au monde dans les principaux classements en matière de climat des affaires, il faudra surmonter plusieurs obstacles, notamment réglementaires, fiscaux, le déficit d'infrastructures, les défaillances de l'administration, etc.

Par exemple, en ce qui concerne la loi 49/51, elle continue d'interdire aux entreprises étrangères d'avoir un contrôle majoritaire sur les entreprises des secteurs stratégiques. Du coup, les entreprises étrangères hésitent à venir s'installer dans le pays, sachant que certaines filières sont tellement imbriquées que des interdictions dans un domaine peuvent décourager des investisseurs dans un autre secteur connexe.

Pour ce qui est de l'objectif d'attirer des relocations pour placer l'Algérie sur la carte de la production mondiale, il sera difficile de dire par où commencer quand tout est à faire ou à refaire. En effet, le pays n'exporte que le pétrole, parce qu'il ne produit que très peu d'autres biens. Du coup, quand il faut attirer des constructeurs automobiles, l'écosystème nécessaire sera inexistant, les sous-traitants seront introuvables, de même que la main d'oeuvre qualifiée, voire les écoles de formation dédiées.

Enfin, l'Algérie est à une dizaine d'années de retard sur sa planification, puisqu'elle n'a plus les moyens financiers pour garantir son exécution. C'est au début des années 2010 quand les caisses de l'Etat étaient pleines qu'il fallait s'y mettre. Mais en ce moment, tout le monde pensait que le pétrole et le gaz suffiraient pour toujours, donc il fallait juste que l'Etat continue à mener la belle vie, plutôt qu'à penser aux lendemains qui allaient être difficiles comme c'est le cas aujourd'hui.

Par Djamel Boutebour
Le 05/01/2021 à 15h49, mis à jour le 06/01/2021 à 15h43