Fatou Bensouda juge son mandat à la tête de la CPI "assez positif"

Fatou Bensouda, Procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI).

Fatou Bensouda, Procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI).. DR

Le 23/05/2021 à 11h29, mis à jour le 25/05/2021 à 15h09

La Gambienne, Fatou Bensouda, procureure sortante de la Cour pénale internationale, a estimé, samedi à Dakar, avoir fait un mandat "assez positif" de neuf ans au sein de cette judiriction internationale.

"Je suis à la fin de mon mandat, un procureur est élu pour un mandat de neuf ans, j’ai été élue en 2012 et, dans quelques jours, ce sera fini. Je pense que j’ai fait un bilan assez positif au regard de tout le travail accompli. Il y a eu vraiment des succès, des défis et des challenges", a dit la procureure.

Bensouda élevée, vendredi, au rang de Commandeur dans l’ordre nationale du lion par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a assuré avoir élevé le niveau de la CPI.

"Je pense que le niveau où j’ai trouvé la CPI est aujourd’hui beaucoup plus élevé et je remercie tout le monde, les Etats-parties, l’Afrique et surtout le Sénégal pour le soutien pendant mon mandat", a-t-elle souligné au cours d’une conférence de presse.

Il fallait beaucoup de dévouement et de motivation pour mener à bien un travail pas facile de procureure à la CPI, a fait remarquer la magistrate gambienne, en rappelant que la coopération est importante dans cette mission, en plus d’avoir la posture d’un diplomate pour mener à bien les enquêtes dans les différents pays.

"Dans les défis, le plus dur est relatif aux témoins parce que nous avons la responsabilité de sécuriser les témoins. On a vu dans l’exemple du Kenya que des témoins ont été retrouvés et détournés contre la Cour, ce qui a entrainé l’abandon de ce dossier en faveur du président Uhuru Kenyatta accusé de crimes contre l’humanité après l’élection présidentielle de 2007 qui avait fait 1300 morts", a -t-elle regretté.

"Tout est fait dans la négociation, car on n’a pas de pouvoir d’oppression. On négocie toujours avec le pays pour les mandats. Si on ouvre une enquête, on va voir avec qui travailler dans le pays concerné. (…) parfois on n’a point besoin d’assistance, on vient mener nos enquêtes normalement. Le travail est très difficile", a-t-elle reconnu.

La magistrate gambienne dit avoir été guidée par "la transparence" durant tout son mandat qui prend fin le 14 juin prochain.

Au sujet du dossier relatif à la crise ivoirienne, la procureure sortante de la CPI a déclaré ne pas avoir de regret, après l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé son co-détenu à la CPI.

"e ne faisais que mon travail en tant que procureure dans l’affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Il n’y avait rien de personnel. Il s’agissait de mon travail, un sacerdoce à remplir. On a eu beaucoup de difficultés à présenter les preuves et quand on a terminé, les juges les ont jugés insuffisantes", fait valoir Mme Bensouda.

Elle estime n’avoir attaqué personne sur cette affaire. "Je faisais mon travail, je suis procureur, si je juge que la loi n’a pas été bien dite, je saisis la chambre la plus élevée sur la base des aspects juridiques", a-t-elle dit soulignant qu’elle avait une "responsabilité en tant que la procureure de laisser une jurisprudenc".

Elle a ajouté que les choses ont été très "complexes" sur cette affaire car trois juges sur deux n’étaient pas d’accord sur les preuves présentées. "Je respecte leur décision, j’ai fait mon travail, je n’ai rien contre Gbagbo et je n’ai pas de regret", a-t-elle insisté.

La magistrate est également revenue sur les sanctions infligées contre sa personne par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.

"C’était très dur, on a confisqué mon visa. On avait beaucoup de soucis, mais cela n’a pas empêché de faire mon travail. Aujourd’hui, Dieu merci, la nouvelle administration estime que ces sanctions n’avaient pas de sens", a-t-elle fait observer.

"Certains propagent l’information selon laquelle la CPI n’instruit qu’en Afrique, je précise que d’autres pays comme la Colombie, la Palestine, le Venezuela, les Philippines, la Tunisie, l’Afghanistan, Georgi, Ukraine, sont concernés", s’est-elle défendue.

Elle a rappelé que la première responsabilité de la résolution des crimes contre l’humanité revenait aux Etats en premier lieu avant l’intervention de la CPI.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 23/05/2021 à 11h29, mis à jour le 25/05/2021 à 15h09