Soldats tchadiens "exécutés": la Centrafrique tente l'apaisement après les menaces de N'Djamena

Groupe rebelle de l'Union pour la paix en Centrafrique, à Bokolobo, près de la ville de Bambari au nord du pays, le 16 mars 2019. L'UPC affirme défendre les Peuls et ne reconnaît pas le gouvernement du président Touadéra.

Groupe rebelle de l'Union pour la paix en Centrafrique, à Bokolobo, près de la ville de Bambari au nord du pays, le 16 mars 2019. L'UPC affirme défendre les Peuls et ne reconnaît pas le gouvernement du président Touadéra. . FLORENT VERGNES / AFP

Le 02/06/2021 à 08h30

La Centrafrique a condamné "fermement" l'attaque par son armée d'un poste frontalier en territoire tchadien qui a causé dimanche la mort de six soldats tchadiens, dont cinq "enlevés et exécutés", lors d'une rencontre mardi soir à N'Djamena entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

Le Tchad avait dénoncé un "crime de guerre" qu'il ne laissera "pas impuni", pendant que la Centrafrique assurait que son armée poursuivait "à la frontière" des éléments d'une coalition rebelle qui cherche depuis décembre à renverser le pouvoir, mais qui a depuis été repoussée et presque défaite grâce à l'intervention massive de paramilitaires russes.

Bangui avait rapidement tenté d'apaiser son voisin du Nord en proposant une "enquête conjointe" au Tchad, qualifié de "pays frère. Elle a envoyé mardi une délégation de trois ministres avec une lettre du président Faustin Archange Touadéra à son homologue tchadien pour trouver une issue diplomatique à la crise.

"A l'entame des travaux, la partie centrafricaine, après avoir exprimé sa surprise par rapport à cette attaque, l'a fermement condamnée, et a exprimé sa profonde compassion" au gouvernement et au peuple tchadien, selon un communiqué conjoint signé par les deux ministres des Affaires étrangères.

- Commission d'enquête internationale -

Les deux parties ont ensuite "souligné l'urgence d'élucider les circonstances dans lesquelles cette attaque a été opérée" et "ont convenu de la mise en place d'une commission d'enquête internationale indépendante et impartiale".

Cette commission "composée des partenaires traditionnels des deux pays qui sont l'Organisation des nations unies (ONU), l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC)" aura pour mission "de déployer des experts (...) pour établir les faits et déposer un rapport qui situera les responsabilités".

Cherif Mahamat Zene et Sylvie Baipo Temon, respectivement ministre des Affaires étrangères tchadien et centrafricain, se sont aussi engagés "à mettre en application les conclusions" de ce rapport et à "travailler ensemble sur une nouvelle base pour renforcer la sécurité à la frontière commune".

Un peu plus tôt, Denis Sassou Nguesso, le président en exercice de la CEEAC, avait appelé dans un communiqué "à la retenue et à l’apaisement, afin de conjurer toute escalade aux conséquences dangereuses et retrouver un climat de confiance fraternelle".

- Frontière à risque -

La délégation centrafricaine, composée également de la ministre de la Défense et de celui de l'intérieur, avait été reçue à leur arrivée par Mahamat Idriss Déby, le président du Conseil militaire du transition (CMT), qui a succédé à son père Idriss Déby Itno, mort au front en avril après 30 ans à la tête du Tchad en menant lui-même une offensive contre des rebelles arrivés de Libye.

"Il faut que les autorités centrafricaines soient courageuses pour accepter leurs erreurs et qu'elles assument", avait déclaré à l'AFP avant la rencontre Abderaman Koulamallah, le porte-parole du gouvernement tchadien.

"Il s'agit d'un coup prémédité", avait-il martelé, assurant qu'il n'était pas question de mener "une enquête entre nous" pour des "faits aussi graves".

Le gouvernement centrafricain avait de son côté rejeté la responsabilité sur les "rebelles" centrafricains, que son armée "poursuivait" à ce moment-là.

"Il y a beaucoup d'infiltrations des groupes armés qui se replient chez nos voisins et un incident de cette nature devait finir par arriver", a affirmé mardi à l'AFP Albert Yaloké Mokpémé, le porte-parole de la présidence centrafricaine.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 02/06/2021 à 08h30