Kenneth Kaunda, père de la nation en Zambie et sage africain

Nelson Mandela et Kenneth Kaunda.. DR

Le 18/06/2021 à 09h44, mis à jour le 18/06/2021 à 09h44

Père de l'indépendance de la Zambie, Kenneth Kaunda, décédé jeudi à 97 ans, était considéré à la fin de sa vie comme un sage sur le continent africain, même si ses opposants avaient vu en lui un autocrate ayant ruiné son pays.

Il est "mort paisiblement" à 14H30 (12H30 GMT) à l'hôpital militaire où il avait été admis quelques jours plus tôt pour une pneumonie, a annoncé en fin d'après-midi le gouvernement à la télévision nationale. Un deuil national de 21 jours a été décrété.

Surnommé le "Gandhi africain", Kenneth Kaunda avait réussi à défaire l'ancienne Rhodésie du Nord de la tutelle britannique en 1964, sans effusion de sang. Premier président de la Zambie, il est ensuite resté au pouvoir pendant 27 ans, un long règne en grande partie placé sous un régime de parti unique.

Se réclamant du socialisme et proche de Moscou, il a collectivisé des fermes et nationalisé les riches mines de cuivre et d'autres secteurs-clefs, au grand dam des propriétaires étrangers. Mais la mauvaise gestion, les dettes et la chute des cours du cuivre ont fini par mettre en échec la "zambianisation" du petit pays enclavé d'Afrique australe et provoquer une grave crise économique et sociale.

En 1986, des manifestations de la faim secouent la "Ceinture de cuivre", la région minière au nord de Lusaka et sa popularité décline dans le pays.

Se décrivant lui-même comme "un humaniste chrétien", Kenneth Kaunda fut l'un des plus fermes opposants au régime raciste d'apartheid en Afrique du sud et a offert une solide base arrière au Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela, qui organisait depuis Lusaka la lutte armée contre le pouvoir blanc.

Il a aussi apporté aussi un soutien actif aux luttes de libération dans toute l'Afrique australe.

En 1990, de violentes émeutes, sur fond d'autoritarisme croissant, l'obligent à se résigner au multipartisme. Il perdra les premières élections démocratiques en 1991, face au syndicaliste Frederick Chiluba. "C'est ça le multipartisme, un jour on gagne des élections, un jour on en perd, ça n'est pas la fin du monde ", avait-il dit à la télévision, au lendemain de sa défaite.

"Mouchoirs blancs"

L'actuel président zambien, Edgar Lungu, a salué jeudi le départ d'une "icône africaine". L'opposition a appelé à suspendre la campagne électorale jusqu'à la présidentielle du 12 août.

Kenneth Kaunda est né le 28 avril 1924 dans la mission de Lubwa (Nord-Est) de parents malawites. Ce n'est qu'en 1970, alors qu'il dirigeait le pays depuis six ans, qu'il est naturalisé zambien.

Elevé par des parents instituteurs très religieux, Kenneth Kaunda reçoit une bonne éducation. Comme son père et sa mère, il devient enseignant, jusqu'en 1947. Il part ensuite pour la "Ceinture de cuivre" et exerce différents métiers, avant d'embrasser la politique.

Arrêté le jour de Noël 1997, accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat contre son successeur, Frederick Chiluba, il entame une grève de la faim en prison. Les charges sont levées l'année suivante.

A la retraite depuis 2000, il a mis son autorité au service de la résolution des crises en Afrique, au Kenya, au Zimbabwe, au Togo et au Burundi.

Surnommé aussi le "gentil géant" de l'Afrique australe, en raison de sa taille et son apparente bonhomie, Kenneth Kaunda était connu pour les mouchoirs blancs qu'il tirait souvent au milieu de ses discours pour essuyer une larme.

Il fut le premier chef d'Etat étranger à recevoir la visite de Nelson Mandela après sa sortie de prison en 1990. "Nous n'oublierons pas les contributions de Kaunda aux luttes contre le colonialisme et l'apartheid", a déclaré jeudi la Fondation Nelson Mandela dans un communiqué.

Ces dernières années, Kenneth Kaunda s'était lancé dans la lutte contre le sida, après avoir déclaré publiquement que son fils avait été emporté par le virus.

Sa santé avait été fragilisé par le décès en septembre 2012 de son épouse Betty. Ils avaient eu ensemble neuf enfants.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/06/2021 à 09h44, mis à jour le 18/06/2021 à 09h44