A l’instar du sceau de la crise sécuritaire qui aura fortement marqué l’année 2021 au Burkina Faso, plusieurs faits politiques majeurs ont aussi cristallisé les attentions des burkinabè.
Parmi ces faits, le ralliement à la majorité présidentielle de l’ex chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré et son entrée au gouvernement. De même pour Me Bénéwendé Sankara, premier chef de file de l’opposition depuis la gouvernance de Blaise Compaoré, qui fait son entrée au gouvernement pour la première fois, puis le départ de la présidence du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, du très populaire Simon Compaoré, figure de proue de la scène politique.
Analyste politique, Albert Nagreogo fait noter que ces faits, tout comme l’arrivée de l’actuel président de l’assemblée nationale, Balla Alassane Sakandé, à la tête du parti au pouvoir, ont largement contribué au débat politique.
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«Il faut dire qu’en 2021, le Burkina Faso, comme les années précédentes, a connu également beaucoup de mouvements sur la scène politique. Entre autres faits, il faut saluer l’arrivée à la tête du parti au pouvoir de Balla Alassane Sakandé, président de l’Assemblée nationale. Il arrive avec un parcours politique bien plein. Parce que de militant MPP, il passe de député en 2015 à président de l’Assemblée nationale, après la mort de Salif Diallo», explique Albert Nagreogo. Il n’oublie pas de préciser qu’avant d’être porté au perchoir de l’hémicycle, l’homme dont il est question, était par ailleurs le président du groupe parlementaire du parti de Roch Marc Christian Kaboré, l’actuel président. Il est, selon le journaliste, l’incarnation du rajeunissement de la classe politique burkinabè.
«Il est réélu en 2020 député dans la province du Kadiogo et reconduit président de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, il est le président du parti au pouvoir le MPP. Donc, il y a sa jeunesse qui est très importante, il y a également son parcours politique qu’on peut qualifier de parcours complet parce qu’il aura échelonné toutes les étapes importantes de la vie politique. Et donc il est l’incarnation de la jeunesse à la tête du parti au pouvoir et aussi le rajeunissement de la classe politique», lâche Albert Nagreogo.
La crise au sein de l’ancien parti au pouvoir, notamment le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du président déchu de 2014 Blaise Compaoré, les remaniements ministériels et réorganisations intervenues au sein des armées, la nomination du premier ministre Lassina Zerbo à la tête du gouvernement (il fait ses premiers pas dans l’administration publique burkinabè) et avec pour mission de conduire le pays vers une destination meilleure, sont autant de faits d’actualité non moins importants à inscrire à l'actif de cette année qui s’achève. Des faits qui font aussi prendre conscience des défis majeurs pour 2022.
«Pour 2022, ce qui s’annonce déjà comme fait majeur, ce sont les élections municipales. Elles devaient se tenir en principe en 2021. Elles ont été reportées compte tenu du contexte sécuritaire. Un délai avait été donné pour tenir les élections au plus tard le premier trimestre 2022. Mais, au jour d’aujourd’hui, il y a encore des hésitations par rapport à l’évolution de l’insécurité sur le territoire», craint l’analyste. Il se réjouit néanmoins du nouveau code électoral adopté à l’assemblée nationale il y a à peine une semaine. Il devrait, selon lui, permettre d’organiser ces élections-là.
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«C’est vrai que la question reste toujours en suspens. Mais je suis persuadé que tôt ou tard il va falloir organiser cette élection et ça va rester l’un des défis majeurs pour 2022. Ces municipales vont permettre de redessiner la carte politique, en fonction des partis politiques qui auront gagné des communes, des conseillers municipaux…ça va permettre de savoir qui sont les partis politiques qui émergent ou qui se positionnent mieux par rapport aux autres», conclut-il.
A ces faits, il faudra bien entendu ajouter l’avènement, en juillet 2021, d'Elysée Ouédraogo à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Tout nouveau président devra réussir son premier test majeur en organisant les municipales dans des conditions sécuritaires aussi difficiles.
La bonne tenue de ces élections va permettre le retour de l’administration dans les communes éprouvées par le terrorisme et cela reste aussi un grand enjeu.
Il faudra, selon Albert Nagreogo, s’attendre également à des mouvements au sein des formations politiques, aussi bien dans l’opposition que dans la majorité. L’on pourrait assister à des scissions ou à des alliances, si tant est que 2022 reste une année décisive pour la vie ou la survie des partis politiques de référence.