Les élections présidentielle et législatives d'août 2022 s'annoncent à hauts risques au Kenya, encore marqué par le spectre des violences post-électorales de 2007-2008, qui avaient fait plus de 1.100 morts.
«J'ai entendu quelqu'un dire que nul part dans le monde il y a un gouvernement qui s'est uni avec l'opposition (...) le Kenya sera l'exemple», a déclaré Kenyatta lors d'une convention du parti Jubilee .
«Nous sommes assez matures pour faire la distinction entre la politique et ce dont les gens ont besoin», a-t-il ajouté, appelant de nombreuses fois à la paix ("amani" en swahili).
Odinga se présentera pour la cinquième fois à la présidence après des tentatives en 1997, 2007, 2013 et 2017 où, chaque fois, cette figure incontournable de la politique kényane a été déclarée perdante et a dénoncé des fraudes - notamment face à Kenyatta.
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«Jubilee est un adversaire de taille que nous avons haï avec passion mais (...) si nous sommes unis, je suis certain que rien ne pourra nous battre», a déclaré Odinga.
La coalition Azimio La Umoja ("Quête d'unité"), qui compte d'autres figures de l'opposition, doit officiellement désigner dans environ deux semaines son candidat.
«Nous allons discuter et choisir un homme fort pour faire face aux escrocs de l'autre côté», a également dit Kenyatta.
Elu en 2013, le président achève son deuxième mandat. La Constitution ne l'autorise pas à se représenter.
A 77 ans, le vétéran de l'opposition sera très probablement désigné, réussissant ainsi le tour de force d'être cette année le candidat du pouvoir, dans l'un de ces retournements d'alliance dont la politique kényane à le secret.
Au terme des élections de 2017, qui ont fait plusieurs dizaines de morts et au cours desquelles Kenyatta et Odinga s'opposaient, les deux hommes s'étaient rapprochés à la surprise générale, début 2018, travaillant ensuite main dans la main.
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Le vice-président William Ruto, qui s'était vu promettre par Kenyatta le soutien du Jubilee en 2022, a été dans le même temps progressivement marginalisé.
En rupture publique avec le président, Ruto ne s'est pas officiellement déclaré candidat mais s'affiche comme tel, multipliant les meetings.
Samedi, il a officiellement été exclu de Jubilee.
Jeune et charismatique, Ruto a mené ces dernières années un opiniâtre travail de terrain, se voulant le représentant des "débrouillards" du petit peuple face aux dynasties politiques qu'incarnent Kenyatta et Odinga, dont les pères furent respectivement président et vice-président du Kenya.
Seuls des présidents des ethnies kikuyu et kalenjin, respectivement celles de Kenyatta et de Ruto, ont dirigé le Kenya depuis l'indépendance en 1963. Une présidence de Odinga, un Luo, marquerait une rupture dans l'histoire politique du pays.