La mesure prise, il y a une dizaine de jours, entre dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance de l’Etat, notamment la gestion des compétences de l’administration publique, a laissé entendre le Premier ministre burkinabè, Albert Ouédraogo, lors de son passage, le 4 avril 2022, devant l’Assemblée législative de la Transition.
Une mesure qui ne laisse pas indifférents les Burkinabè, notamment la frange étudiante, persuadée qu’une telle décision permettra d'accroître les chances d’une jeunesse qui aspire à apporter sa pierre à l'édification de la nation.
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«C’est un mal nécessaire. Parce qu’il y a des vieux qui ont l'âge d’aller à la retraite…On se dit qu’ils ont eu tout le temps de réaliser leurs ambitions. Etant à l'âge de la retraite et continuant à travailler alors qu’il y a des jeunes qui aspirent à l’emploi… De ce coté-là, ce n’est pas bien», estime Jules Emmanuel Zangré, étudiant en langue anglaise.
«Cette mesure va permettre à la jeunesse de participer à la construction du pays. Si nous allons prendre un exemple, à l’Université ici, c’est un cadre où on forme les jeunes. Mais c’est dans l’intention de prendre la relève. Je trouve que c’est une bonne chose que de vouloir permettre à la jeunesse de participer à la construction du pays», abonde Guibougou Talata, lui aussi étudiant.
La mesure, selon le gouvernement, vise à mettre fin à une pratique longtemps décriée par les Burkinabè. Conforme à la vision des nouvelles autorités, elle veut avant tout promouvoir les jeunes et, au-delà, la méritocratie.
«Généralement, ici en Afrique, particulièrement au Burkina Faso, on a des vieux qui sont dans leurs services… Même si on les laisse 100 ans, ils ne vont pas partager leurs expériences avec les jeunes. Et c’est cela le vrai problème», regrette Diagondo Tindano.
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«Il y a un adage qui dit: un vieux assis voit plus loin qu’un jeune debout. Cela est sans doute vrai. Mais nous sommes en Afrique et on a besoin d’un certain dynamisme pour développer le continent. Et quand on parle de dynamisme, on fait référence à la jeunesse», se convainc Samuel Yarga.
Une autre mesure mise en place, en plus de celle relative aux contrats des retraités, ne fait pas l'unanimité et pourrait entraver l'emploi des jeunes. Celle de la suspension des recrutements spontanés dits «recrutements sur mesures nouvelles» dans la fonction publique.
Deux poids, deux mesures pour Jules Zangré, l'étudiant en langue anglaise, qui estime que ce mode de recrutement était aussi bénéfique pour les demandeurs d’emplois, qui n’arrivaient pas à accéder à la fonction publique par concours directs.
«Il y a beaucoup de jeunes qui aspirent à l’emploi. Et quand tu n’as pas d’emploi, quand tu cherches et que tu n’en trouves pas, tu es tenté de t’adonner aux choses faciles, aux gains faciles et aux pratiques qui pourraient être préjudiciables. Donc, le gouvernement doit revoir sa position sur les recrutements par mesures nouvelles, comme son nom même l’indique», pèse Emmanuel Zangré.
Pour lui, le nombre croissant de demandeurs d’emploi dissipe les efforts d’absorption des jeunes chômeurs burkinabè. Il se dit convaincu que la vague des mesures prises donnera de l’espoir aux plus de 30.000 demandeurs officiellement déclarés auprès de l’Agence nationale de la promotion de l’emploi.