«C'est un triste jour pour nous en tant que pays. Nous avons perdu un grand leader, l'ancien président Mwai Kibaki», a déclaré M. Kenyatta dans une annonce solennelle retransmise à la télévision officielle, où il n'a pas précisé la cause du décès.
Impliqué dans la politique kényane depuis l'indépendance en 1963, Mwai Kibaki, ancien professeur d'économie formé en Ouganda et à Londres, avait été élu en 2002 sur la promesse de lutter contre la corruption, après plus de 20 ans de règne de l'autoritaire Daniel arap Moi.
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Mais la décennie que ce représentant de l'ethnie Kikuyu a passé au pouvoir a été marquée par des scandales de corruption ainsi que par les pires violences politiques depuis l'indépendance. Fin 2007, sa réélection contestée débouche sur des violences opposant Kikuyu et Kalenjin, deux des premières communautés du pays, au cours desquelles plus de 1.000 personnes sont tuées et des centaines de milliers d'autres déplacées. Elles sont encore aujourd'hui une blessure profonde dans l'histoire du Kenya.
Quelques années plus tard, en 2010, une nouvelle Constitution sera promulguée sous son gouvernement.
Cet ancien ministre des Finances a par ailleurs été reconnu pour son rôle dans le développement de l'économie kényane, à travers notamment le plan Vision2030, repris par son successeur. «Nous nous souviendrons toujours du président Kibaki comme du gentleman de la politique kényane, d'un débatteur brillant, dont l'éloquence, l'esprit et le charme l'emportaient, encore et encore», a vendredi dit de lui M. Kenyatta.
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Lorsqu'il quitte le pouvoir en 2013, M. Kibaki se retire dans son fief rural de Nyeri, à une centaine de kilomètres au nord de Nairobi, d'où sa famille, modeste, est originaire. Mais il préférait dernièrement sa demeure du quartier très huppé de Muthaiga, à Nairobi. Doté d'une santé fluctuante depuis un grave accident de voiture en 2002, il avait régulièrement été admis à l'hôpital ces dernières années.
«Vrai homme d'Etat»
De nombreuses personnalités au Kenya, mais aussi à travers le continent africain, depuis le Burundi jusqu'en Zambie, ont réagi à cette annonce. «Kibaki est l'un des combattants de la liberté de notre pays, il a servi ce pays pendant de nombreuses années avec diligence, franchise, honnêteté et transparence», a déclaré le vétéran de la politique kényane Raila Odinga, qui se présentera en août aux élections présidentielles.
«Nous regrettons le décès de l'ancien président Kibaki, un vrai homme d'Etat qui a accompagné une nouvelle ère démocratique et économique», a déclaré sur Twitter l'ambassadrice anglaise au Kenya, Jane Marriott.
Le président Kenyatta a annoncé que des funérailles nationales seront organisées, sans donner de date. Il a également ordonné une période de deuil national, durant laquelle les drapeaux seront en berne, à partir de vendredi jusqu'au coucher du soleil le jour de l' enterrement.