RDC: nouvelles condamnations pour deux policiers qui ont assassiné un défenseur des droits de l'homme

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Le 12/05/2022 à 11h54

Deux officiers de la police congolaise ont été condamnés par un tribunal militaire pour l'assassinat en 2010 en République démocratique du Congo des défenseurs des droits de l'Homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, a-t-on appris vendredi de leur organisation.

Après une cavale d'une dizaine d'années, le lieutenant-colonel Christian Ngoy Kenga-Kenga et le lieutenant Jacques Mugabo ont comparu devant un tribunal militaire qui les a jugés pour «assassinat» de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana en juin 2010.

Les officiers Christian Ngoy Kenga-Kenga et Jacques Mugabo «ont été respectivement condamnés à la peine de mort et à 12 ans» de prison, a écrit dans un communiqué la «Voix des sans voix» (VSV), l'organisation fondée par Floribert Chebeya.

Le tribunal a décidé de renvoyer le lieutenant-colonel Ngoy Kenga-Kenga de la police, mais ne s'est pas prononcé pour le renvoi du lieutenant Mugabo, malgré sa condamnation de 12 ans de prison considérée par la VSV comme une peine «dérisoire».

Poursuivi lui aussi par la justice militaire dans ce procès, «le major Paul Mwilambwe a été acquitté», parce qu'au cours des audiences, il s'est révélé comme le témoin central à charge des prévenus. «La VSV espère que sa sécurité sera toujours assurée» par les autorités, écrit l'ONG.

En septembre 2015, à l'issue du procès en appel, un colonel de police, Daniel Mukalay avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour la même affaire et est toujours incarcéré à Kinshasa.

Fondateur de l'ONG VSV, Floribert Chebeya a été retrouvé mort en juin 2010, après avoir disparu la veille à l'issue d'un rendez-vous à l'inspection générale de la police, avec le général John Numbi. Ce qu'a toujours nié le général Numbi, chef de la police au moment des faits.

Le chauffeur de Chebeya, Fidèle Bazana qui l’accompagnait à ce rendez-vous a disparu et son corps n'a jamais été retrouvé. La justice a conclu que lui aussi avait été assassiné.

Considéré par la famille Chebeya comme «suspect numéro 1», le général Numbi fait l'objet d'une enquête du parquet militaire qui, en mars 2021, a conclu à son implication dans cette affaire. L'officier est en fuite depuis.

La VSV plaide pour qu'un nouveau procès s'ouvre «dans un bref délai» avec la comparution du général Numbi et d'autres prévenus.

Par Mohamed Koné
Le 12/05/2022 à 11h54